La société de consommation

En 1900, les produits que la Martinique recevait de l’extérieur tenaient en moins d’une page de la Notice rédigée par G. Landes. Parmi ces importations on trouvait des produits alimentaires en vrac, de la droguerie, de la parfumerie et les matériaux et équipements nécessaires à l’agriculture et à l’artisanat, mais aucun meuble, aucune automobile. De tourisme, il n’était pas question et d’ailleurs il n’existait d’hôtels qu’à Saint-Pierre et Fort-de-France.

Pour la population martiniquaise, le paradoxe économique que soulignait E. Revert 46 ans plus tard commençait à se mettre en place. Alors que l’île vit presque exclusivement des produits de son sol, les superficies travaillées à la houe ou à la charrue diminuaient presque de moitié entre 1886 et 1946, cependant que la population augmentait et que se formait à Fort-de-France une importante agglomération. La base sur laquelle repose l’édifice économique s’en trouve de plus en plus rétrécie : le paysan lui-même ne produit plus entièrement ce dont il se nourrit. Pour lui comme pour tous les autres, de plus en plus nombreux, il est indispensable d’importer ce dont il se nourrit, à condition d’exporter en conséquence. Si la balance du commerce de la Martinique demeure équilibrée jusqu’à la départementalisation, c’est au prix du maintien d’un niveau de vie à peine supérieur à celui des autres colonies françaises. En outre, même avec plus d’argent réparti en salaires, la masse de produits à répartir demeurant stable, le mode de vie de la majorité ne pouvait qu’être frustre, réduit à l’essentiel. La départementalisation a bouleversé ces anciennes données et lancée la course à la consommation et au tourisme.

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* Ministère de l’agriculture. Situation en 1970

Il en est allé de même avec la politique d’aménagement du territoire, la réforme foncière et la construction de grands ensembles périurbains.