La diversité passée des paysages agricoles

Dominés par la banane et la canne à sucre, les paysages agricoles d’aujourd’hui reflètent mal la grande diversité des productions entreprises sur le sol Martiniquais au cours de l’histoire ; la variété des terres se prêtait à cette diversité culturale, d’autant que les massifs volcaniques récents donnent des sols légers et profonds favorables aux cultures.

Le défrichement s’est opéré de manière assez rapide et l’ensemble des cultures couvrait 36.600 ha en 1788. C’est d’ailleurs sans doute au XVIIIe siècle, que la diversité des cultures a dû composer une campagne très jardinée, de grande qualité paysagère, avant que la canne au XIXe siècle puis la banane au XXe siècle ne s’imposent de façon radicale et simplifient les campagnes.

Le tabac a joué un rôle essentiel aux débuts de la colonisation. Environ 1 000 hectares lui étaient consacrés en 1671. À la fin du XIXe siècle, les plantations existantes fournissaient encore à la consommation locale des produits réputés. Puis, devant l’engouement manifesté pour la canne à sucre, la culture et la préparation du tabac ne subsistèrent plus qu’à l’état embryonnaire.

Le caféier a connu son moment de plus grande prospérité dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, vers 1775, où il couvrait plus de 9 000 ha en Martinique. Obligatoirement protégé contre le soleil et le vent, les caféières prenaient un aspect jardiné en damier grâce aux « lisières » de pois doux plantées, taillées, et aux arbres d’ombrage (dont le gliricidia).Puis le pourridié a sévi au XIXe siècle, ainsi que la chenille mineuse des feuilles (Elachista coffeella). En 1935 les caféiers n’y occupaient plus que 305 ha.

Le cacaoyer apparu vers la fin du XVIIe siècle, a également connu son moment de plus grande prospérité au début du XVIIIe siècle (9 477 hectares en 1727, d’après Revert). On l’a cultivé dans l’île entière, mais surtout au quartier du Gros-Morne  . Le pourridié des racines causa bientôt d’énormes dégâts. Comme les caféières, les cacaoyères exigent des arbres d’ombrages. Le cacaoyer connut un renouveau de faveur à la fin du XIXe siècle grâce à l’introduction d’une espèce plus robuste venue de Cayenne. Mais après 1925 les prix de vente baissèrent dans des proportions considérables. De grandes plantations furent arrachées. Seule une centaine d’hectares existait encore dans les années 1950 dans le sud de l’île.

Le cotonnier semble également avoir atteint son apogée à la veille de la Révolution, où le recensement de 1788 lui attribue 1 365 carrés, soit 1765 hectares environ. Il n’en occupait plus que 57 en 1935, pour la fabrication des matelas. On en rencontre aujourd’hui des pieds dans la région du Diamant.

Le roucou, employé comme teinture par les Caraïbes, était encore très répandu au XVIIIe siècle. L’indigo, introduit dès les débuts de la colonisation, couvrait une trentaine d’hectares en 1671. Le nombre des indigoteries monta jusqu’à une vingtaine aux alentours de 1690. Le gingembre occupait un peu plus de 100 hectares en 1671.

L’ananas a été développé plus récemment au XXe siècle. Il couvrait 300 ha en 1940, surtout dans la région du Gros-Morne   et les hautes vallées du Galion et de la Lézarde, entre deux et cinq cents mètres d’altitude, c’est-à-dire au-dessus de la zone réservée à la canne. La première usine de conserves avait été fondée dès 1912.

Bien d’autres cultures ont été tentées : la ramie, le chanvre de Manille vers le Morne  -Rouge, le sisal près de Sainte-Luce, le gingembre, le citronnier, la citronnelle, les campêches, ...