La valeur des paysages des zones humides
Dans la géographie chahutée de la Martinique, il n’y a guère de place pour les étendues d’eau douce en lacs et étangs : l’étang du Plateau Larcher et le petit lac de la rivière Claire sont des exceptions. Celui de Champflore au sud du Morne -Rouge a disparu sous les coulées de l’éruption de 1902. Au centre de l’île, le vaste lac de la Manzo est artificiel, formé par une retenue et destiné à l’alimentation du sud en eau potable et d’irrigation. En revanche la multitude des rivières pérennes, fraîches, sont appréciées pour la baignade et les loisirs de pleine nature après avoir servi, jusqu’à une période somme toute récente, au lavage du linge. Même dans le sud plus sec, les mares, créées pour abreuver les troupeaux, marquent les paysages.
Au centre ouest et au sud, les rivages plus doux laissent apparaître des paysages de zones humides :
dans les grandes rades immobiles et calmes, les vases se déposent et sont conquises par les palétuviers pour former d’étranges forêts posées sur l’eau. Elles tapissent le fond de la baie de Fort-de-France ; on les retrouve au Marin, à Sainte-Anne, au Vauclin, au Robert. « Leur ligne sombre et touffue donne un aspect hostile et forestier aux rivages qu’ils occupent » (E. Revert) ;
Les Salines, une lagune d’eau saumâtre mise en valeur grâce aux platelages et observatoires à oiseaux (Conservatoire du Littoral)
à l’extrême sud, l’étendue d’eau des Salines dessine un paysage épuré, mis en valeur par le cheminement en platelage et les observatoires qui permettent sa découverte. Sa formation s’explique par les étapes suivantes :
- il y a 18 millions d’années, la mer dépose des sédiments dans la mer peu profonde du rivage ;
- il y a 120 000 ans, l’abaissement du niveau marin met à nu ces sédiments qui subissent l’érosion du vent, sculptant un cordon dunaire grésifié ; l’eau douce, bloquée par ce cordon, s’accumule à l’arrière pour former un lac naturel d’eau douce ;
- il y a 10 000 ans, la remontée du niveau marin brise le cordon dunaire, formant le cordon sableux de la plage des Salines qui la sépare de l’étendue d’eau restante.