2 - La puissance de la Pelée et des Pitons du Carbet
Le surgissement de la Montagne Pelée, vu depuis la rue principale de Saint-Pierre (dessin B. Folléa)
mart-0-007.jpg
La Montagne Pelée qui trône au nord de l’île révèle tout particulièrement sa puissance à Saint-Pierre. L’ouverture de la baie offre alors la vision du volcan de pied en cap, dominant d’un seul jet le littoral et la ville de sa pleine hauteur, dans un saisissant ensemble. A Saint-Pierre, cette impression de force est évidemment renforcée par l’histoire dramatique de la ville, rasée en 1902. On sait que la figure tutélaire du volcan représente une menace sourde et silencieuse, et cela rend émouvante et belle la présence têtue des hommes revenus vivre à ses pieds. L’élégance de la baie, le calme de la mer caraïbe et la douce fertilité des terres cultivées, composent comme un contrepoint au surgissement brutal du volcan. La beauté de Saint-Pierre ne tient donc pas qu’au volcan ni seulement à ses ruines, auteur et témoins du drame, mais bien à la présence vivante, vivace, de ses habitants, et à la douceur du cadre de vie qu’ils se créent en contraste.
Pour les mêmes raisons, la puissance de la Pelée s’exprime encore au Morne -Rouge, également victime du volcan et également vivant aujourd’hui : au Prêcheur , où la figure du volcan apparaît dans les perspectives taillées par les ravines, ou depuis les hauteurs cultivées ; au plein nord de l’île, où la raideur des pentes volcaniques n’a laissé passer qu’une trace, l’absence de route faisant l’originalité de cette portion de côte sauvage et belle ; et sur la côte nord-est atlantique, de Grand’Rivière à Basse-Pointe, où l’ampleur de l’élan des pentes cultivées puis boisées vers le sommet se laisse parfois découvrir, dans une déchirure de nuages.
Quant aux Pitons du Carbet, leurs silhouettes en dômes trônent sur tout le nord de l’île, composant des horizons particulièrement remarquables côté caraïbe, plus raide : pour Fonds-Saint-Denis et pour le Morne -Vert par exemple. Mais leur haute stature s’impose aussi dans le paysage de la baie de Fort-de-France, rehaussant la valeur paysagère de la baie (voir ci-dessous « l’ampleur de la baie de Fort-de-France et ses quartiers Foyalais »).
A ces reliefs saillants puissants se surimposent en creux les profonds sillons que tracent les ravines dans les flancs des massifs montagneux. Elles y composent des mondes en soi, à part, îles dans l’île, mêlant le grandiose à l’intime. Leur découverte par surprise, dans un basculement soudain, les font précieusement contribuer à la multiplicité paysagère de la Martinique en même temps qu’à la richesse de sa biodiversité .