1 - Le phénomène d’urbanisation

Évolution de l’urbanisation de la Trinité, entre 1951 et 2004. En 1951, le village de la Trinité s’allonge sur le littoral.

Evolution de l’urbanisation du Vauclin entre 1951 et 2004. En 1951, le bourg s’allonge perpendiculairement au trait de côte.

Saint-Pierre avant et après l’éruption de 1902.

La destruction de Saint-Pierre par l’éruption de 1902 a profondément bouleversé l’organisation urbaine de la Martinique, favorisant une concentration problématique sur Fort-de-France.

Le centre de Fort-de-France et les extensions d’urbanisation sur les pentes alentours. Vue aérienne. Copyright photo Fred Geiger.
Morne -Rouge, avant l’éruption de 1902 et aujourd’hui.
Fort-de-France : 1940-1970 : +132 % de population
Agglomération Foyalaise :
P. Volny-Anne, architecte, CAUE,La Mouïna n° 6 Décembre 2009
De 1999 à 2006, la population Martiniquaise a augmenté de 4% (comme la moyenne nationale), les logements ont augmenté de plus de 14% (moins de 7% à l’échelle nationale). (Source Profil environnemental DIREN 2008).
La part des maisons en 2005 est supérieure de 11,5 points en Martinique par rapport à la métropole et représente plus des deux tiers des résidences principales. Depuis 1999, cette part s’est accrue de plus de quatre points alors qu’elle est restée stable dans l’hexagone (source : Profil environnemental, DIREN 2008).
L’enquête TERUTI réalisée par le Ministère de l’agriculture fait état d’une augmentation de presque 2% de la part des zones artificialisées entre 1997 et 2003. Elles représentent en 2006 environ 14 500 ha, soit un peu plus de 13% du territoire Martiniquais (source : profil environnemental DIREN 2008).
1.1. Une surconsommation des paysages agricoles et naturels
Catherine Théodose, artiste-peintre – La Mouïna n° 5, CAUE juin 2009
Pascal Saffache, Président de l’Université des Antilles et de la Guyane – La Mouïna n° 6, CAUE décembre 2009

Urbanisation récente en taches de lotissements et d’activités. Vue aérienne. (Copyright photo Fred Geiger).

Problème d’urbanisation diffuse, consommatrice d’espaces naturels et agricoles, aggravant la dépendance à la voiture individuelle et chère en réseaux et services. Vers Ferré (Sainte-Anne/Le Marin).

Problème d’urbanisation diffuse, consommatrice d’espaces naturels et agricoles, aggravant la dépendance à la voiture individuelle et chère en réseaux et services. Vers Ferré (Sainte-Anne/Le Marin).

Problème d’urbanisation consommatrice d’espaces agricoles et naturels. Disparition des coupures d’urbanisation, dégradation du paysage, aggravation de la dépendance à la voiture, coût élevé des réseaux et services. Entre Rivière Salée et Trois Rivières (Petit Céron).

Remontée de l’urbanisation diffuse sur les pentes de Rivière-Pilote.

Urbanisation diffuse et consommation de l’espace. Vers Baie des Mulets, RN 6.
1.2. Une privatisation des paysages littoraux

Evolution de l’urbanisation du Marin entre 1951 et 2004. Outre le problème de l’urbanisation linéaire au fil de la route, l’évolution montre une artificialisation et une privatisation du littoral.

Problème d’urbanisation sur une pointe littorale : artificialisation et privatisation. Le Vauclin. Vue aérienne. Copyright photo Luc Schroll.

Urbanisation de la Pointe du Bout. Les choix d’urbanisation doivent être attentivement pensés par rapport au paysage, y compris depuis le littoral opposé (ici Fort-de-France), la mer (navette, bateaux) et le rivage (plages).

Problème d’urbanisation sur la pointe Châteaugué (Le Lorrain).

La pointe Hyacinthe : urbanisée et donc à la fois privatisée et très visible dans le paysage.

Urbanisation sur une pointe, Le Lorrain.
1.3. Un débordement des sites bâtis
Case -Pilote vers 1910 et aujourd’hui

Une erreur ponctuelle d’implantation de maisons sur la pointe préservée qui ferme la baie. Un risque de colonisation progressive. Les Anses d’Arlet.

Problème de remontée d’urbanisation sur les pentes boisées de Mondésir. Le Marin.

Petite-Anse

Problème de ’débordement’ de site bâti, par urbanisation de la pente et de la crête. Anse-à-l’Ane

Le mitage des pentes de l’Anse-à-l’Ane, vu depuis Fort-de-France. Un débordement du site de l’anse, mal maîtrisé dans l’espace et dans le temps.

Le débordement du site de l’Anse-à-l’Ane par l’urbanisation. Vue depuis le ponton de la plage.

Le Vauclin, débordement de l’urbanisation jusqu’en crête.

Problème de remontée d’urbanisation sur la pointe Banane (quartier de Pointe Savane, dévalorisant le paysage vierge de la pointe et fragilisant la transition entre baie du Galion et baie du Robert.

Problème de fragilisation de site bâti : horizon des pentes colonisées par les maisons nouvelles. Vue d’en bas (Anses d’Arlet)

Remontée d’urbanisation de Montgérald, vue depuis le morne Gommier.

Problème d’implantation d’urbanisation nouvelle en pied, sur pente et en crête, au bord de la RN1. Le Marin.

Urbanisation conquérante, colonisant les pentes qui font l’horizon de la ville. Le Vauclin.

Problème de ’débordement’ d’urbanisation de Petite Anse vers le col du Morne Jacqueline (autour de la RD 27).

Un problème de ’débordement’ de site bâti, colonisant la crête : remontée d’urbanisation de l’Anse-l’Etang, presqu’île de la Caravelle.

Problème d’urbanisation désordonnée et hétéroclite sur pente et en crête. Le Carbet.
1.4. Une dilution des centralités et de l’identité des bourgs
Guy Villeronce, poète – La Mouïna n° 5, CAUE juin 2009.
1.5. Une banalisation des paysages urbains
« Les villes ont perdu un peu de leur charme avec la construction de blocs de béton dans les années 60-70. Certes, cela répondait à la migration vers la ville, mais il n’y a pas eu de réflexion. »
Guy Villeronce, poète – La Mouïna n° 5, CAUE juin 2009.

Problème d’urbanisation linéaire, arrivée sur le Lamentin, vers Grand Case, RD 3.

Des centralités à requalifier pour redevenir attractives, problèmes d’architecture et d’espaces publics. Rivière Salée.
1.6. Une dégradation des paysages de la route

Problème d’urbanisation linéaire d’habitat : dépendance à la voiture individuelle, disparition des vues sur le grand paysage, affaiblissement de l’identité des bourgs, banalisation du paysage perçu et vécu, fragmentation des continuités biologiques. RD 8, Desmarinières.

Activités commerciales en bordure de l’A1, Fort-de-France
1.7. Une aggravation de la dépendance à la voiture
1. Réhabiliter les centralités, se recentrer

Schoelcher bord de mer, une intensification potentielle, à examiner dans le cadre de la Loi Littoral

Un front de mer à intensifier pour le rendre plus vivant et plus attractif, Le Robert.

Un exemple de micro-centralité à conforter. Bellevue.

Un exemple de micro-centralité à conforter. Desmarinières.

Les ports : des sites urbains à intensifier (ici à Fort-de-France).

Des microcentralités littorales à valoriser (actions paysagères et architecturales sur l’espace public, le bâti) : exemple au François, la Presqu’île.

Un cas de micro-centralité à conforter et à valoriser en bord de route : ralentissement, place faite aux piétons, organisation du stationnement, ... RD 26 vers Bon Air, Morne-des-Esses.
2. Composer avec le grand paysage , identifier et prendre en compte les sites bâtis
Alain Fanchette, pilote d’avion – La Mouïna n° 5, CAUE juin 2009
Catherine Théodose, artiste-peintre – La Mouïna n° 5, CAUE juin 2009

Le beau site bâti de Morne Vert. A prendre en compte pour organiser le développement de l’urbanisation.

Un site bâti remarquable : Grand Rivière.

Un exemple de site bâti : avec plateau habité et pentes végétales préservées. Monésie, vu depuis Desmarinières.

Un exemple de site bâti : colline habitée, à Petit-Bourg.

Des villes grimpant à l’assaut des pentes… et des villages de pêcheurs blottis dans des baies.

Les Anses d’Arlet : exemple de village de pêcheurs, niché dans sa baie

Le centre-ville du François : une densité bâtie bien tenue dans les espaces de nature qui forment écrin : espaces agricoles sur pente (en toile de fond) et boisements accompagnant le canal du François (au premier plan).

Site bâti de Ducos, dominé par l’église sur son coteau

Exemple intéressant de choix de site bâti clair : sur les sommets, avec pentes et plaines agricoles à l’aval préservées. Ducos, quartier Cocotte.

Village de pêcheur, blotti en bord de mer dans sa baie, pentes végétales. Ici Case-Pilote

Perspective valorisante sur les pentes cultivées, vues du Lamentin.

Les pentes urbanisées de Fort-de-France, vues depuis le centre-ville (espace Perrinon)

Une perspective de Rivière-Pilote, valorisée par les pentes boisées en toile de fond.

Des pentes boisées importantes pour le paysage urbain du Marin. Vue depuis la RN 5


Un paysage urbain spectaculaire : pentes urbanisées, crête préservée. Trénelle, Fort-de-France.

Un positionnement cohérent de l’urbanisation récente en pied de pente, préservant à la fois les pentes naturelles et la plaine agricole.

Autre cas de choix de site bâti assumé : cette fois c’est la pente qui est construite et la crête qui est préservée. Vers Ducos.

Une cote d’altitude pour fixer la limite d’urbanisation vers l’amont : cas d’exemple sur les flancs du morne Moto, Sainte-Marie, Derrière Morne.

Une ouverture valorisante sur le grand paysage depuis Fort-de-France, avec les pitons du Carbet à l’horizon. Des vues à valoriser depuis l’espace public.

Un cas de perspective sur le grand paysage (ici la Pelée) à identifier, préserver et valoriser. RN2, le Carbet.
3. Préserver les coupures d’urbanisation, stopper l’urbanisation linéaire

Les grands espaces agricoles des plaines littorales mettent en scène les villes ; ici Le Robert, arrivée depuis La Trinité

Une coupure d’urbanisation agricole entre Le François et le Vauclin (baie du Simon).
4. Promouvoir l’urbanisme végétal
Kaz Antiyé – l’habitat populaire aux Antilles – J. Berthelot/M. Gaumé, Editions Perspectives Créoles 2002

Une relative discrétion du bâti grâce à l’imbrication avec le végétal. Gros Raisins.

Une case modeste mais un environnement végétal précieux et soigné : signe d’une culture martiniquaise du jardin qui mérite d’être attentivement prise en compte dans les choix d’urbanisme. Morne Vert.

L’urbanisme traditionnel est végétal. Cases dans la végétation cultivée des jardins et parcelles.

Une présence végétale dans les quartiers traditionnels, exclusivement présente dans les parcelles privées. Fort-de-France.

L’importance du végétal pour lier les cases entre elles dans l’urbanisation traditionnelle des mornes. Vers Saint-Laurent, La Manzo.

Exemple de quartier d’habitat collectif valorisé par la présence végétale en accompagnement. Le Vauclin.

Une ambiance traditionnelle de quartier habité densément végétal grâce aux jardins cultivés, vers Trinité.

Le jardin, un savoir-faire traditionnel précieux, à prendre en compte dans l’urbanisme contemporain. Le Marigot.

L’urbanisme végétal consiste aussi à encourager le savoir-faire jardinier privé au bénéfice de l’espace public. Ici une bande de terre végétale en pied de clôture côté espace public permet de profiter d’une ambiance végétale qui atténue la présence de la clôture. L’effet de débordement du jardin privé est favorable à l’ambiance et à la qualité de l’espace public.

Un exemple intéressant d’urbanisme végétal contemporain à Ducos : petits collectifs ouverts sur un espace public linéaire composé de la voie de desserte et de bandes végétales plantées en pied de façades.

Un exemple intéressant de transition entre la route et l’espace habité, au Robert : distance préservée entre les deux, ouverture visuelle, absence de clôture : effet de parc habité.

Un exemple intéressant de réhabilitation associant le bâti collectif au végétal : cité de Thoraille, Rivière-Salée.