Les milieux et paysages végétaux du littoral
A proximité immédiate de la mer prend place la série littorale. La végétation littorale contribue à constituer des milieux et des paysages variés, selon les natures de sols, l’impact des embruns, la submersion par les marées : se distinguent ainsi la mangrove, l’arrière-mangrove, la végétation des plages et arrières-plages.
Patrick Chamoiseau
Trésors cachés et patrimoine naturel de la Martinique vue du ciel- HC Editions 2007
La mangrove couvre environ 1800 ha, occupant en particulier les secteurs d’eau calme des fonds de baies où se déposent des vases : celle de la baie de Fort-de-France est la plus vaste, constituant un véritable front littoral d’aspect boisé. Les espèces végétales restent peu nombreuses, constituées de palétuviers ou mangles aux étranges échasses (racines aériennes) rendant difficile la progression. Ils se succèdent du plus maritime au plus terrestre : palétuvier rouge, palétuvier gris, palétuviers blancs, avec, à la limite des eaux douces et salées, des touffes de fougère dorée. Si le nombre d’espèces végétales est faible, la mangrove abrite en revanche de nombreuses espèces animales, joue un rôle de filtre et protège les côtes. Elle fait partie du domaine public maritime sous gestion de la Direction départementale de l’équipement et bénéficie de l’application du régime forestier mise en œuvre par l’ONF.
L’arrière-mangrove prend le plus souvent l’aspect de prairies, héritées de déboisements de mangrove pour faire place à des pâturages. La forêt marécageuse, quant à elle, menacée de disparition, reste limitée à deux stations sur la commune de La Trinité : « une station relictuelle en contrebas du lycée, et un beau massif coupé en deux par la RN1 » (C. Sastre et A. Breuil).
Les plages portent une végétation adaptée au sable et aux embruns, qui s’organise en bandes parallèles aux rivages :
- une frange pionnière de plantes rampantes comme la patate bord de mer,
- une frange arbustive normalement protégée de la submersion (constituée d’olivier bord de mer, oseille bord de mer, tiraille, romarin, haricot bâtard, bois-lait petit et bois-lait bord de mer, …) que dominent par endroits les cocotiers,
- une forêt littorale enfin qui occupe la zone la plus élevée de la plage, prodiguant une ombre bienvenue : elle est bien conservée par exemple à l’anse du Diamant, l’anse Trabaud, Macabou. C’est le domaine du raisinier bord de mer, du dangereux mancenillier, du catalpa, de l’amandier-pays, mais aussi du galba, du filao, du bois-nivré, du bois-cannelle, du mapou rouge, du tamarin, auxquels se mêlent des essences de la forêt sèche. Cette forêt littorale occupe notamment les anciens « 50 Pas géométriques », constitués par une bande étroite de 81,2 m de large, qui s’étale sur plus de 240 km de littoral, soit environ 1.940 ha. Ces milieux naturels et forestiers, devenus forêt domaniale en 1981, avaient malheureusement fait l’objet antérieurement d’une assez forte squattérisation. Aujourd’hui, même si les nouvelles installations sont rares, l’ONF constate encore plus de 500 occupations de différentes natures qui doivent être traitées au cas par cas dans l’objectif de reconquérir la qualité naturelle de cet espace. Le Conservatoire du littoral a également acquis plus de 2.000 ha.
- Il faudrait ajouter à cette flore littorale la flore sous-marine, notamment les herbiers marins de phanérogames ; ils abritent 65 espèces de poissons, mais aussi les oursins blancs herbivores (chadrons) et les hippocampes de Martinique.