Est et Ouest : les paysages marins … et sous-marins
Patrick Chamoiseau
Trésors cachés et patrimoine naturel de la Martinique vue du ciel- HC Editions 2007
Patrick Chamoiseau
Trésors cachés et patrimoine naturel de la Martinique vue du ciel- HC Editions 2007
Les paysages de l’eau sont aussi ceux de la mer. Ils présentent des visages variés au fil des côtes martiniquaises, décrits dans le chapitre « les paysages et les reliefs ». Les paysages marins diffèrent entre ceux de l’ouest, côté Caraïbe, et ceux de l’est côté Atlantique :
- à l’ouest une mer calme, protégé de l’alizé, et des pentes raides (à l’exception du fond de la baie de Fort-de-France), peu confortables mais ouvrant de belles vues maritimes et dessinant au sud-ouest d’élégantes anses bien cadrées en sites maritimes successifs ;

La valeur des paysages agricoles littoraux ou « agro-marins » ; ici champs de canne vus depuis la plage de Sainte-Marie
- à l’est une mer plus agitée, mais en partie protégée par des récifs coralliens, présentant des pentes plus douces, où les champs agricoles parviennent encore à tutoyer la mer, composant de rares et élégants paysages « agro-marins » ; des pointes et des caps, mais aussi des îlots qui complexifient et enrichissent les paysages en imbriquant le terrestre et le maritime.

La baie du Robert

Baie préservée du Trésor, au bout de la presqu’île de la Caravelle ; l’une des rares portions de côtes encore sauvage de la Martinique
Presque partout, les anses et les baies qui s’incurvent dans les terres pour se protéger, abritent en leur fond un village de pêcheur, devenu bourg ou station balnéaire. Certains rares paysage marins sont restés sauvages, inhabités, offrant de précieux espaces de respiration et « d’évasion » sur une île objectivement petite : ils se rencontrent principalement au sud, sur la presqu’île de Sainte-Anne, à l’est au bout de la presqu’île de la Caravelle et plein nord entre l’anse Couleuvre et Grand’Rivière. Les usages de la mer contribuent largement à la valeur paysagère du littoral :

Pêcheur au large de Schoelcher

Importance de la pêche pour animer et valoriser le littoral. Ici à l’Anse Dufour

Importance de la pêche pour animer et valoriser le paysage littoral ; ici en baie de Tartane
avec leurs barques colorées remontées sur la plage, les pêcheurs contribuent de façon essentielle à valoriser les paysages marins ; garants d’une certaine « authenticité », ils parviennent à cohabiter avec l’activité proprement balnéaire dans un mélange plutôt attractif et charmant, particulièrement sensible dans les anses du sud-ouest (anse Dufour, Grande Anse, etc) ;
la plaisance se mêle plus ou moins facilement à la pêche, ne s’imposant de façon massive qu’en deux endroits, au fond de la baie du Marin et à la Pointe du Bout ;
les îlots et bancs de sable constituent de puissants facteurs d’attraction à l’est, vers le Robert et le François et jusqu’au sud ;

La belle plage des Salines, à la fois ample, préservée et frangée de cocotiers : une carte postale qui fait en partie l’attractivité touristique de la Martinique

La belle plage du Diamant
les plages sont inégalement réparties, avec au Nord les plages de sable noir d’origine volcanique , battues par la houle sur la cote Atlantique et plus accueillantes sur la cote Caraibe ou elles demeurent sauvages au nord du Prêcheur ; elles deviennent de plus en plus claires vers le sud et ses dépôts sédimentaires ou coralliens, où s’offrent les plages les plus attractives, notamment celle de la Saline, bordée de cocotiers, conforme aux cartes postales touristiques des Antilles ;
enfin la plongée offre des paysages sous-marins également attractifs grâce à la faune sous-marine (poissons multicolores des récifs, mais aussi tortues, hippocampes, raies, …), et, dans la baie de Saint-Pierre, grâce aux nombreuses épaves des bateaux coulés par l’éruption de 1902.
Les paysages marins sont aussi ceux de la Martinique resituée dans l’archipel Caraïbe, perceptibles depuis la mer à la faveur des déplacements sur l’eau. Jusqu’à une période somme toute récente, ces paysages ont été familiers de la population Martiniquaise, lorsque une bonne part des déplacements pouvait se faire par voie de mer. Ces déplacements de personnes se concentrent aujourd’hui dans la baie de Fort-de-France et contribuent à lui donner une grande valeur paysagère d’ensemble, en re-situant Fort-de-France dans son contexte maritime, mais aussi montagneux, avec la silhouette des Pitons du Carbet qui referme l’horizon au nord, celle des mornes du Sud qui dominent le fin liseré sombre de la mangrove vers l’est et celle des mornes de la presqu’île du Diamant qui dominent la côte des Trois-Ilets au sud. Les paysages marins Martiniquais seraient grandement valorisés par d’autres lignes de déplacements maritimes, vers Saint-Pierre ou vers le sud et Sainte-Anne.