Vingt-sept unités de paysages

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En affinant encore l’identification des paysages, chacun des grands ensembles associe des unités de paysages distinctes, selon l’altitude, l’orientation, la morphologie ou l’importance de l’urbanisation.

1. La Montagne Pelée

La Montagne Pelée prend des visages distincts selon les orientations de ses pentes :

- au sud-ouest, la baie de Saint-Pierre est tout entière dominée par sa silhouette, offrant un paysage   de grande ampleur qui associe directement le volcan et la mer ;

- à l’ouest, les versants plus raides laissent moins de place aux espaces agricoles et contraignent l’urbanisation à s’allonger au fil de la route littorale autour du Prêcheur ;

- au nord, les pentes du Piton   Mont Conil plongent abruptement dans la mer, jusqu’à former des falaises littorales, conquises par une forêt exubérante qui profite d’un climat plus humide, offrant un littoral exempt de route, accessible uniquement à pied ou en bateau ;

- à l’est les pentes plus longues et plus arrosées laissent s’épanouir vers l’aval de grandes bananeraies jusqu’au littoral de Basse-Pointe ;

- au sud la plaine perchée du Morne  -Rouge fait la transition avec les pentes des Pitons du Carbet ;

- au sommet enfin de toutes ces pentes, les savanes d’altitude que l’on peut gravir à pied ont reconquis les cratères et leurs alentours depuis les éruptions de 1902 et 1929 et forment une unité de paysage   propre.

Se distinguent ainsi six unités de paysage   pour la Montagne Pelée :

1.1. La baie de Saint-Pierre
1.2. Les pentes du Prêcheur
1.3. Les pentes forestières du Piton   Mont Conil
1.4. La planèze   de Basse-Pointe
1.5. La plaine de Morne   Rouge
1.6. Le sommet de la Pelée

2. Les Pitons

Composant un ensemble plus vaste que celui de la Pelée, les Pitons dessinent des paysages qui varient à la fois avec l’altitude et l’orientation des pentes :

- les hautes pentes des Pitons du Carbet, prolongées par celles du Morne   Jacob, composent des paysages forestiers denses, ultimes refuges de la forêt, baignés d’humidité, sur des pentes raides et des sommets souvent spectaculaires ;

- à l’aval, à partir de 400 m d’altitude environ, des paysages agricoles s’épanouissent sur les pentes, distincts selon leurs orientations :

- à l’ouest des cultures sur des pentes étroites et raides, autour du Morne  -Vert et de Fonds-Saint-Denis ;

- à l’est une campagne composite et habitée, déroulée du Morne   Capot à Saint-Joseph ;

- plus à l’aval encore, le littoral compose des paysages spécifiques, là encore distincts selon l’orientation mais aussi l’intensité du développement de l’urbanisation :

- à l’ouest la côte du Carbet/Case   Pilote, escarpée et sèche, accueille des bourgs à la faveur des exutoires étroits taillés par les rivières, avec une urbanisation récente qui déborde des fonds pour gagner les pentes ;

- à l’est la côte déroulée de Sainte-Marie au Lorrain associe des bourgs développés au creux des anses et des grandes cultures de bananiers et de canne à sucre ;

- au sud l’urbanisation de l’agglomération Foyalaise conquiert les basses pentes des Pitons depuis le littoral, tournée vers la baie de Fort-de-France et de ce fait rattachée dans le présent Atlas au grand ensemble de la baie (voir ci-dessous).

Se distinguent ainsi cinq unités de paysage   sur le massif des Pitons :

2.1. Les Pitons boisés du Carbet
2.2. Les pentes caraïbes des Pitons
2.3. La côte du Carbet/ Case   Pilote
2.4. La campagne habitée, de Morne   Capot à Saint-Joseph
2.5. La côte de Sainte-Marie/Le Lorrain

3. La baie de Fort-de-France

La profonde échancrure que forme la baie de Fort-de-France au centre-ouest de l’île présente un paysage   d’ensemble de grande ampleur, dominé au nord par les silhouettes en dômes des Pitons du Carbet et vers l’est par celle de la Montagne du Vauclin. Mais, plus en détail, les rives présentent des visages bien différents :

• Au nord, au-delà de l’étroite plaine littorale carroyée par les rues du centre-ville, la masse claire de Fort-de-France monte à l’assaut des pentes, composant des paysages urbains spectaculaires, accrochés aux versants raides (par exemple Trénelle) ou perchés au-dessus des profondes entailles boisées des ravines (par exemple Didier, Floréal, Ravine Vilaine, Redoute). Ces pentes urbanisées, ainsi tournées vers la baie, montent jusqu’au contact direct avec la forêt, sans espaces agricole intermédiaire (Balata, Terreville, Bois du Parc) ;
• A l’est, le fond   de la baie, au-delà du fouillis boisé dense de la mangrove qui frange son rivage, dessine une large plaine agricole et urbaine, du Lamentin au nord à Rivière-Salée au sud en passant par Ducos au centre ;
• Au sud de la baie, les pentes de Trois-Ilets, de la Pointe du Bout et de l’Anse à l’Ane, évoquent déjà les paysages du sud, plus secs et plus ensoleillés, et se voient partiellement conquises par l’urbanisation, favorisée par une desserte directe vers Fort-de-France par bateaux-navettes.

Trois unités de paysages se distinguent ainsi pour cette grande plaine :

3.1. Les pentes urbanisées de Fort-de-France
3.2. La plaine du Lamentin
3.3. La côte des Trois-Ilets.

4. La presqu’île du Diamant

Au sud-ouest de la Martinique, le massif du Diamant compose une épaisse presqu’île, commandée par des mornes couverts d’un manteau boisé sec qui frisent ou dépassent les 400 m d’altitude et qui tombent en draperies abruptes dans la mer Caraïbe. Il compose des paysages lumineux qui se différencient selon leur orientation :

• au nord les pentes de Trois-Ilets s’ouvrent sur la baie de Fort-de-France et ses paysages ont donc été rattachés à l’ensemble paysager de la baie (voir ci-dessus) ;
• à l’ouest l’urbanisation moins présente laisse se dérouler une côte plus sauvage, où les bourgs et villages se nichent dans les anses successives (anse Dufour, Grande Anse, les Anses-d’Arlet, Petite-Anse) ;
• au sud s’ouvre l’ample baie du Diamant, beaucoup plus vaste, commandée par l’élégante silhouette du Morne   Larcher et piquée du Rocher du Diamant qui surgit de la mer ;
• au sud-est, une plaine fait la couture entre la presqu’île et les mornes du sud ; elle est empruntée par la RN5, en voie de conquête par l’urbanisation qui « descend » de Rivière-Salée (autour de Médecin), et s’achève sur le littoral par l’anse du Céron et Trois-Rivières.

On distingue ainsi trois unités de paysage   principales dans la presqu’île du sud-ouest :

4.1. La côtes des Anses-d’Arlet
4.2. La côte du Diamant
4.3. La plaine de Trois-Rivières

5. Les mornes du sud

Les mornes du sud forment un vaste ensemble dont les paysages se distinguent en fonction de l’altitude :

• les mornes proprement dits, culminant le plus souvent entre 250 et 500 m d’altitude (504 m pour la Montagne du Vauclin), se succèdent en chaînes pour dessiner d’étroites crêtes spectaculairement habitées et parcourues par des routes, offrant de larges panoramas ; deux unités se distinguent :
les mornes de Duchêne (Morne   Pavillon, Morne   Pitault, Roches Carrées, Sarrault, Augrain, Chopotte), qui séparent la plaine du Lamentin à l’ouest des baies du Galion, du Robert et du François à l’est ;
les mornes du Vauclin, également spectaculairement urbanisés, qui dominent non seulement la baie de Fort-de-France à l’ouest mais aussi la côte sud et la côte est, ouvrant des vues immenses ; plus complexes que la chaîne précédente, ils laissent s’élargir en leur cœur la profonde vallée de la rivière Pilote ;

• entre les mornes de Duchêne au nord et ceux du Vauclin au sud, les reliefs s’atténuent en collines autour de Saint-Esprit, largement dévolues à l’agriculture ; c’est cet affaiblissement des pentes qui permet à la RN 6 de passer pour relier l’est et l’ouest de l’île entre la plaine du Lamentin et la baie du François ;

• hormis ces paysages « intérieurs », les basses pentes des mornes s’achèvent dans la mer :
• au sud elles plongent de façon rapide pour former la côte de Sainte-Luce ;
• à l’est au contraire elles s’alanguissent en pointes qui séparent des baies successives entre Macabou et le François en passant par le Vauclin ;
la baie du Robert, plus profonde et cadrée de pointes plus longues, compose une unité de paysage   à elle seule ;
• plus au nord, la longue presqu’île de la Caravelle achève cette composition côtière ; flanquée de la vaste baie du Galion d’un côté et de celle de la Trinité de l’autre, elle fait la transition entre côte Atlantique nord et côte Atlantique sud.

Sept unités de paysage   ressortent ainsi pour les mornes du sud :

5.1. Les mornes du Vauclin
5.2. Les mornes de Duchêne
5.3. Les collines de Saint-Esprit
5.4. La côte de Sainte-Luce
5.5. La côte du Vauclin/Le François
5.6. La baie du Robert
5.7. La presqu’île de la Caravelle et la baie du Galion

6. La presqu’île de Sainte-Anne

Au sud de l’île, la presqu’île de Sainte-Anne présente différents visages selon la morphologie et la présence humaine :

- à l’ouest, la presqu’île est séparée du massif des mornes par une profonde entrée en mer qui compose le cul-de-sac du Marin, dont Sainte-Anne commande l’entrée et Le Marin le fond   ;

- à l’est, les reliefs des vieux mornes érodés sont couverts alternativement de végétation arbustive et de pâtures sèches, sillonnées par de petites routes gagnées par l’urbanisation linéaire éparse (Le Cap, Barrière la Croix, Cap Cabaret, Cap Chevalier), le tout s’achevant sur une côte restée sauvage car peu accessible, déroulée de la baie des Anglais à Macabou ;

A l’extrême sud, les paysages apparaissent plus sauvages, du fait de l’absence de route autre que la RD 9 qui dessert en cul de sac la plage des Salines, et de l’absence d’urbanisation ; les mornes s’alanguissent à proximité de la mer, laissant s’étendre de petites plaines littorales dévolues à de précieux milieux naturels : zones humides des fonds de l’anse Meunier, de l’anse Trabaud et de la baie des Anglais, étang des Salines, savane des Pétrifications.

Se différencient ainsi trois unités de paysages pour la presqu’île de Sainte-Anne :

6.1. Le cul-de-sac du Marin
6.2. Les Salines
6.3. Le littoral sud-est

Synthèse sur les grands ensembles et les unités de paysages de la Martinique

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Au final, ce sont six grands ensembles paysagers et vingt-sept unités de paysage   qui sont identifiés à l’échelle globale de la Martinique. Ils apparaissent sur la présente carte, et les unités sont décrites et diagnostiquées dans la partie « Unités de paysages » du présent Atlas.

1. La Montagne Pelée


1.1. La baie de Saint-Pierre
1.2. Les pentes du Prêcheur
1.3. Les pentes forestières du Piton   Mont Conil
1.4. La planèze   de Basse-Pointe
1.5. La plaine du Morne  -Rouge
1.6. Le sommet de la Pelée

2. Les Pitons

2.1. Les Pitons boisés du Carbet et le Morne   Jacob
2.2. Les pentes caraïbes des Pitons
2.3. La côte du Carbet/ Case   Pilote
2.4. La campagne habitée, de Morne   Capot à Saint-Joseph
2.5. La côte de Sainte-Marie/Le Lorrain

3. La baie de Fort-de-France

3.1. Les pentes urbanisées de Fort-de-France
3.2. La plaine du Lamentin
3.3. La côte des Trois-Ilets

4. La presqu’île du Diamant

4.1. La côtes des Anses-d’Arlet
4.2. La côte du Diamant
4.3. La plaine de Trois-Rivières

5. Les mornes du sud et la presqu’île de la Caravelle

5.1. Les mornes du Vauclin
5.2. Les mornes de Duchêne
5.3. Les collines de Saint-Esprit
5.4. La côte de Sainte-Luce
5.5. La côte du Vauclin/Le François
5.6. La baie du Robert
5.7. La presqu’île de la Caravelle et la baie du Galion

6. La presqu’île de Sainte-Anne

6.1. Le cul-de-sac du Marin
6.2. Les Salines
6.3. Le littoral sud-est

Unités paysagères et unités locales

Un travail plus fin, mené à échelle intercommunale ou communale, permettrait encore d’affiner le découpage et d’identifier des sous-unités ou unités locales ; c’est d’ailleurs ce qui se fait lorsque des études de paysage   sont réalisées. Ainsi par exemple le plan de gestion de la presqu’île de la Caravelle identifie pour elle seule six entités distinctes :

- un seuil agricole
- un quartier urbain dense
- une agrafe végétale
- les villages verts
- un versant préservé
- la réserve naturelle.

Mais pour le présent atlas des paysages, qui porte sur l’île dans son ensemble, l’identification de 27 unités de paysage   traduit déjà l’exceptionnelle diversité rencontrée. A titre de comparaison, les atlas départementaux de métropole identifient souvent à peu près le même nombre d’unités de paysage   … pour des superficies 4 à 5 fois plus élevées.