Vent et relief déterminent la pluie : les variations climatiques et paysagères de l’île

Végétation luxuriante hygrophile, pentes des pitons du Carbet

Végétation xérophile, basses pentes littorales de la presqu’île du sud-ouest

Courant sur des milliers de kilomètres à la surface de l’océan Atlantique, l’alizé qui parvient sur la côte est de la Martinique est chargé d’humidité. Dès qu’il rencontre un relief notable, il se condense, se refroidit et donne des nuages, voire de la pluie. C’est pourquoi les paysages de Martinique s’offrent presque toujours avec des ciels pommelés de nuages, où les bleus de l’azur, sur la mer et les côtes, se mêlent aux blancs et gris des nébulosités, sur les pentes hautes et les sommets. Les bleus immaculés sont très rares ; même les photos satellites voulant offrir une représentation aérienne exhaustive de l’île n’échappent pas aux petits nuages qui la masquent ponctuellement.

Mais, au-delà de ce trait commun à l’ensemble des paysages de l’île, la conjonction des vents alizés et des reliefs va très fortement faire varier les précipitations et contribuer à différencier nettement les paysages entre nord et sud de l’île :

- avec ses hauts reliefs au nord (Montagne Pelée 1395 m, Pitons du Carbet 1117 m, Morne   Jacob 884 m), la Martinique reçoit ainsi d’importantes précipitations, atteignant ou dépassant les 3m d’eau, et même les 6 m sur les sommets, où l’on compte plus de 100 jours de pluie par an ;

- ses reliefs moins importants au sud, limités à 504m au maximum (Montagne du Vauclin) accrochent moins le vent et restent plus secs, presque partout à moins de 2.50m d’eau par an.

Ainsi les paysages du nord apparaissent très verts, avec une présence de forêt dense humide riche en épiphytes sur ses pentes hautes et des pentes basses généreusement cultivées où les bananeraies dominent, avec des torrents et des rivières en eau permanente ; les paysages du sud apparaissent à l’inverse plus secs, plus lumineux, avec des ravines parfois caillouteuses, avec une végétation xérophile, en partie caduque, moins haute, qui prend un aspect plus grisâtre, se limitant à des bois, taillis, fourrés épineux et savanes ; avec enfin des cultures moins prodigues malgré l’irrigation, plus souvent consacrées à la canne à sucre et à l’élevage.

Avec un maximum de contraste, la Pelée et les Pitons du Carbet du nord, où l’on considère qu’il peut pleuvoir ponctuellement jusqu’à 10m d’eau par an, se drapent mystérieusement dans les nuages, ruisselants d’humidité, foisonnants de forêt dense hygrophile, tandis qu’au sud, où les précipitations tombent à moins d’1 m d’eau par an, et même ponctuellement 60cm, les vastes étendues horizontales de la Savane-des-Pétrifications, apparaissent quasiment désertiques, écrasées sous la lumière et le soleil.