Une morphologie qui dessine précisément les unités de paysages

La plupart des unités de paysages de la Martinique appuient leurs délimitations sur des différences de reliefs et de morphologie : ainsi la plaine étirée à l’horizontale du Lamentin se différencie des pentes qui la cadrent ; les basses pentes adoucies du littoral sud-est et des collines de Saint-Esprit se distinguent de l’arrière-pays des mornes qui les dominent, aux pentes puissantes ; les pentes de la Pelée offrent quatre profils morphologiquement distincts, contribuant à différencier la baie de Saint-Pierre, les pentes du Prêcheur, celles de Basse-Pointe et celle du Morne  -Rouge.

Seule une partie des pentes des Pitons du Carbet, notamment celles de l’est, se déclinent en paysages successifs par la simple variation de l’altitude, non par des variations topographiques singulières : les pentes littorales de Sainte-Marie/Le Lorrain par rapport à la campagne habitée qui se déroule un peu plus en altitude ; ces mêmes pentes habitées par rapport aux pentes boisées à partir de 400m.

A l’ouest les pentes du Morne  -Vert et de Fonds-Saint-Denis, en contrebas des sommets des Pitons, offrent une topographie complexe couverte d’étroits espaces agricoles, dessinant des paysages de grande qualité, très particuliers. Leur singularité topographique avait d’ailleurs été soulignée par Revert en 1949 : « Le modelé du « Canton Suisse », au Morne   Vert, avec ses savanes verdoyantes entourées de « lisières », ses mamelons, ses eaux vives, évoque sans trop de discordances certains coins des Pyrénées ».

Les pentes hautes de Fort-de-France, vues depuis Balata

Ravines végétales aux portes des hauts quartiers de Fort-de-France (rivière Case Navire, Haut Didier)

Sur les flancs sud des Pitons, les pentes de Fort-de-France offrent une morphologie spécifique qui contribue à différencier le paysage   de la préfecture du restant de l’île : les coulées issues des Pitons du Carbet ont assez bien résisté à l’érosion et présentent des formes topographiques bien identifiables. Elles prennent l’aspect de planèzes étagées. Eugène Revert les a décrites en 1949 : « La coulée de la Pointe des Nègres, la plus occidentale, est aussi la moins élevée. Celle du Plateau Didier, qui se trouve assez loin en arrière, domine d’une centaine de mètres, et par des escarpements souvent à pic, la vallée de la Rivière Madame et le quartier de l’Ermitage. Celle de la Redoute s’étale aux environs de 200 mètres et permet d’embrasser un vaste panorama sur les Pitons, la côte occidentale et la baie du Lamentin. Le Plateau Larcher supporte l’étang origine de la Rivière l’Or. Le Morne   des Olives est un des quartiers les plus écartés, mais les plus habités aussi de Saint-Joseph. »