Un profil de côtes différencié entre Est et Ouest : paysages atlantiques et caraïbes

La côte nord-est (atlantique) et la côte nord-ouest (caraïbe), vues en blocs-diagrammes :

côté atlantique de longues pentes douces cultivées, régulières sous la Montagne Pelée (de Grand-Rivière au Lorrain), plus festonnées par les rivières sous les Pitons du Carbet et du Morne Jacob (du Lorrain à La Trinité) ;

côté caraïbe des pentes raides tombant dans la mer, de Fort-de-France au Prêcheur, creusées par une succession de rivières serrées ne laissant que de maigres échines pour les cultures ; la baie de Saint-Pierre se creuse à l’interface entre Pelée et Pitons du Carbet.

La côte atlantique sud, du Robert au Vauclin, vue en bloc-diagramme :

des pointes et des îlots nombreux qui enrichissent les paysages littoraux.

A une échelle un peu plus précise, les reliefs se différencient également assez nettement entre les côtes est et ouest de l’île :

Les horizons de la baie du Robert, magnifiés par les formes fantasques du morne Courbaril et du rocher Leclerc, heureusement préservés de l’urbanisation. Vue de Vert Pré.

La côte Atlantique, au paysage littoral riche et complexe grâce aux îles et presqu’îles

- à l’est les côtes restent globalement plus douces, moins abruptes ; des cultures peuvent côtoyer les bords de mer, générant de très beaux paysages littoraux agricoles ; les reliefs s’avancent langoureusement en pointes longues identifiant des baies successives ; on les retrouve même en îlots à proche distance de la côte ; des bancs de sable émergent entre Trinité et Sainte-Marie ; les fonds blancs du Vauclin, du François ou de l’extrême Sud sont recouverts d’une fine lame d’eau, laissant les promeneurs s’avancer sans perdre pied ; les récifs coralliens forment barrière à deux ou trois kilomètres au large. L’ensemble compose des paysages littoraux riches et complexes, en particulier sur tout le linéaire côtier au sud de la presqu’île de la Caravelle ;

La plaine cultivée du Lamentin, vue depuis les pentes de Morne Roches

Les pentes raides de la Pelée dévalant vers la mer Caraïbe. Baie de Saint-Pierre

Les pentes raides du sud-ouest, ici celles du Morne Larcher

- à l’ouest les reliefs apparaissent plus raides, de part et d’autre de l’immense baie de Fort-de-France, dont le fond  , très plat, remblayé par les alluvions descendues des hauteurs, dessine la plaine du Lamentin, et constitue une rupture complète de paysage   et une singularité à l’échelle de l’île : au nord de la baie, les reliefs puissants des pitons du Carbet plongent rapidement dans la mer, et les pentes sont plus raides encore après la baie de Saint-Pierre avec les pentes de la Montagne Pelée ; ils ne laissent place qu’à une urbanisation contrainte, longtemps cantonnée modestement dans les fonds au débouché des rivières ou tassée en pied de falaise (Saint-Pierre), mais qui tend aujourd’hui à coloniser les pentes malgré leur raideur ; au sud de la baie de Fort-de-France, on retrouve des pentes littorales raides dans la presqu’île du sud-ouest, qui cadrent nettement d’élégantes anses successives constituant autant de villages de pêcheurs ou de stations balnéaires bien différenciées.

La morphologie des côtes nord et sud marque bien la rencontre entre deux profils de côte différents de part et d’autre de l’île :

  • au nord-ouest des falaises boisées entre l’anse Couleuvre (le Prêcheur) et Grand-Rivière, raides au point de ne pas laisser de route et de rester inhabitées ; au nord-est des pentes agricoles assez douces, généreusement cultivées en bananiers et habitées (Grand’Rivière, Macouba, Basse-Pointe) ;
  • au sud-ouest une côte qui reste raide de l’anse du Diamant au cul-de-sac du Marin, ne s’adoucissant que vers Trois-Rivières qui marque le « débordement » de la plaine du Lamentin vers le sud ; au sud-est, à partir de la profonde baie du Marin, une presqu’île de Sainte-Anne plus douce, des mornes moins vigoureux, laissant s’étirer de grandes plages dont la plus célèbre est celle des Salines, mais aussi des zones humides littorales (anse meunier, anse Trabaud, baie des Anglais, étang des Salines).

La presqu’île de la Caravelle, vue dominante prise depuis Vert Pré

La presqu’île du sud-ouest, vue dominante sur les pentes boisées de végétation mésophile

Couplés au vent, ces profils de côtes contrastés entre est et ouest donnent ces horizons marins bien particuliers aux paysages maritimes de l’île : à l’est un océan agité qui rencontre des accidents rocheux, dessinant des paysages littoraux vivants qui ne se calment que dans les baies protégées de la barrière récifale ; de nombreux accidents topographiques constituant autant de sites accessibles et faisant l’objet d’usages et d’appropriations : pointes et caps, îlots, bancs de sable ; à l’ouest une mer Caraïbe profonde et calme, d’un bleu intense, plus abstraite, offrant sa sérénité essentiellement au regard.