Situation à l’arrivée des Français

Durant tout le XVIe siècle, « c’est dans les montagnes qu’ils se réfugient à chaque passage des flottes espagnoles, abandonnant leurs maisons » [1] rapporte l’anonyme. On voit cependant qu’il leur arrive fréquemment aussi de troquer, avec les mêmes Espagnols, des vivres contre de la pacotille. Avec les Français, les relations paraissent moins tendues, mais un incident sanglant est toujours possible.

C’est à fond   Laillet (Bellefontaine), en 1635, que L’Olive et Du Plessis plantèrent la croix de fondation en présence d’un seul Caraïbe, le vieil Ariacan, les autres étant partis à la guerre, rapportait le père Pellican témoin de la scène. Le nom de la Case   Pilote rappelle que c’est là que le capitaine Pilote tenait sa résidence lorsqu’il se lia d’amitié avec Jean du Pont, le gouverneur laissé dans l’île par D’Esnambuc en 1635. Pilote avait auparavant cédé aux Français le Carbet, où les Caraïbes tenaient leurs assemblées avant de partir en guerre vers le nord de l’archipel.

Après le premier affrontement au début de 1636, les Caraïbes pratiquèrent la politique de la terre brûlée sur la Basse Terre et ’se retirèrent les uns dans l’autre partie de l’île nommée la Cabesterre les autres aux îles voisines’ écrit Dutertre dans son édition de 1667. Il ajoute qu’à la Cabesterre, ’ils se trouvaient séparés des Français par des mornes inaccessibles’ c’est-à-dire par le massif de la Montagne Pelée et le Morne   Calebasse.

Nulle part, sur la côte sous le vent, les sondages n’ont révélé de mobilier amérindien contemporain de l’arrivée européenne. Il semble bien que c’est parce que le site de Saint-Pierre était vide que D’Esnambuc l’a choisi pour fonder la nouvelle colonie, conformément aux directives des directeurs de la Compagnie qui lui interdisaient de prendre des terres au Sauvages par la force.

En fait, seule la côte orientale, dans les sites du Vauclin, a fourni du mobilier amérindien daté de façon absolue comme contemporain de l’installation coloniale. Si l’on ne disposait pas de sources narratives indiscutables, on pourrait croire que les sites de la côte occidentale avaient été désertés au moment de l’installation des Français.