Quelques chiffres et données

L’évolution des surfaces

Surface Agricole Utile

80 000 ha en 1960
39 000 ha en 1989
25 000 ha de nos jour

Depuis 1950, la Surface Agricole Utile ne cesse de diminuer passant de 80 000 ha (1960) à 39 000 ha en 1989 et à 25 000 ha de nos jours. A ce rythme de déperdition, la SAU aura disparu dans les deux décennies à venir (Source : Etats généraux des dom/contribution de la SAFER – 2009 et Profil environnemental DIREN 2008)).

Sur 5 ans (2001-2006), la SAU a baissé de plus de 20% ;
le nombre d’exploitations agricoles a été divisé par deux.

Les causes sont multiples ; la SAFER a bien identifié les processus :

1- L’indivision :

Véritable fléau en Martinique et plus généralement dans les îles, ce phénomène issu du non règlement de successions peut concerner plusieurs générations et s’avère être un véritable handicap au développement économique. Dans le cas d’une succession non réglée d’exploitation agricole, on assiste fréquemment à la disparition de l’outil de production tel qu’il existait. Il n’y a donc pas de transmission d’entreprise, mais un découpage du foncier supportant l’exploitation en autant de parts qu’il y a d’héritiers. Pour des motifs économiques, les frais de succession et d’arpentage ne pouvant être payés, chacun des cohéritiers s’octroie, avec ou sans l’accord des autres cohéritiers, une partie de l’exploitation initiale. Cela conduit à une précarisation de celui ou de ceux voulant poursuivre une activité agricole et de manière certaine à terme à l’apparition de friches sur les parcelles de ceux qui n’exploitent pas ou qui n’y ont pas construit.

2- La spéculation foncière :

Dans un contexte insulaire où le besoin de logements est important, et en particulier le logement individuel, les prix du foncier constructible ont fortement augmenté. Cette envolée s’est propagée en exerçant une forte pression sur le foncier agricole et naturel, du fait de leurs prix bas, heureusement régulés par la SAFER.

Cela conduit à des comportements comme :

- le découpage parcellaire par le propriétaire, dans le but de vendre de petites surfaces à des particuliers ayant pour objectif à terme de construire, ou, dans le cadre de successions où le terrain agricole est divisé en autant de parcelles que d’ayants droits souvent non agriculteurs, dans l’attente de construire sur le bien ou de le vendre ;

- le refus de louer ou d’exploiter les terres agricoles par le propriétaire, dans l’espoir d’obtenir un déclassement de son terrain par le maire à court ou long terme, ce qui favorise le développement de la friche ;

- la vente de terrains agricoles ou naturels à des prix exorbitants en détournant le droit de préemption de la SAFER ;

- les constructions avec ou sans permis sur du foncier agricole, conduisant au développement de hameaux, contraignant parfois la municipalité à régulariser cet état de fait.

3- La pollution des sols par le chloredécone :

Avec au moins 1/3 de la SAU concernée par ce problème à plus ou moins haute dose, beaucoup d’agriculteurs se sont vus interdits de pratiquer leurs spéculations de prédilection (tubercules, bulbes,…) sur leurs parcelles. Certains désemparés ont carrément abandonné l’exploitation par dépit. Un nombre important de ces propriétés est devenu de la friche.

4- Les difficultés d’exploitation liées aux particularités physiques insulaires :

Elles regroupent tous les freins au développement des exploitations agricole tels que le relief accidenté sur la quasi-totalité de l’île, qui rend difficile l’accès aux exploitations, les conditions d’équipement comme l’irrigation, ainsi que les conditions d‘extraction des produits vers les points de vente. Dans ce cas, la conséquence est l’abandon de certaines exploitations ou terrains de bonnes potentialités et initialement cultivés depuis des décennies mais aujourd’hui trop difficilement accessibles et rentables.

Les aléas climatiques (cyclones, inondations, sécheresses…) sont aussi des éléments handicapants pour l’agriculture martiniquaise avec un besoin perpétuel de remettre sur pied les exploitations agricoles, de restaurer les aménagements en place (routes, retenues collinaires, hangars…). Ce sont autant de handicaps qui contribuent à la diminution de la SAU.

L’évolution des cultures

Depuis les années 1950, les bananeraies ont considérablement augmenté leurs surfaces, au détriment de la canne à sucre.

Les bananeraies occupent aujourd’hui près de 30% des surfaces agricoles.

En cinq ans (2000-2005), la part de la culture de canne a crû de 3.8 points alors que celle de la banane reculait d’1 point. (Source : Profil environnemental DIREN 2008).