Paysages peints, XVIIe-XVIIIe-XIXe, entre projection onirique et réalisme

Vu de la mer

Basse Terre de l’isle de la Martinique pour François Blondel,1667.
77_ST_PIER_1667.jpg

Cul de Sac Royal et Carenage par François Blondel, 1667.
76_CARENAGE_1667.jpg

Jan Kip, Cartouche d’une carte de Cayenne : Havre du Cul de Sac Royal, 1685.
78_FR_J_KIP.jpg

Des profils, la représentation picturale du paysage   glisse vers les panoramas et les marines souvent appelés « vues en profil ». La vue de Saint-Pierre, exécutée en 1667 dans les ateliers de Blondel, comme celle du Carénage que Blondel signe la même année, hésitent entre le plan et la perspective cavalière dans une volonté de tout montrer depuis la mer. Certains auteurs paraissent conserver cette technique, alors qu’ils sont déjà passés à la vue véritable, mais c’est qu’ils reproduisent des dessins qu’ils n’ont pas exécuté eux-mêmes, tel Jan Kip, à partir de 1685.

Gravure et couleur par Jan Kip, 1685.
79_FT_ROYAL_KIP.jpg

Jan Kip, D’après Jan Barbit (1679) Vue marine de Saint Pierre.,1685.
80_ST_PIERRE_KYP.jpg

La véritable vue marine commence en 1679, avec le Français Jean Barbot, dont Jan Kip a reproduit et multiplié en Grande-Bretagne la vue de Fort-Royal et celle de Saint-Pierre dans divers Atlas de Voyages. Ce type de paysage   s’épanouit au long du XVIIIe, au point d’être adopté par l’occupant britannique.

Vue en Profil du Fort Royal de la Martinique, une des Antilles de Lamerique ainsy qu’il se montre du costé du Cul de Sac Royal de la Dte Isle dessigné le 31ème Juillet 1679 pr X (J. Barbot).

Anonyme, vue de la Rivière. St Pierre, 1760. Col. Bureau du patrimoine
81_ST-PIERRE-1760.jpg

Veue du Fort Royal de la Martinique}, anonyme daté vers 1780.
82_FR_1780.jpg

Fort Royal dans l'Isle Martinique vu du Mouillage}, dessiné par NicolasOzanne en 1780.
83_OZANE_0.jpg

Nicolas Ozanne, Le Cul de Sac, 1780.
84_OZANE_1.jpg

Vue du Fort Royal de la Martinique du côté du Port}, gravure aquarellée du chevalier d'Epernay, vers 1785.
85_CARENAGE_1785.jpg

Vue du Fort Royal de la Martinique du côté du Port} {prise à mi-côte du morne au bas de l'habitation de Madame Vanier.}Vue d'optique d'après le chevalier d'Epernay par Balthazar Friedrich Leizelt, graveur à Augsbourg, seconde moitié du XVIIIe siècle.
86_PORT_1785.jpg

Rév. Cooper Wylliams, Attaque Fort de France, 1795
87_PORT_WYLLIAMS_1794.jpg

Au XVIIe siècle, même lorsqu’ils ont séjourné sur les lieux, peintres et graveurs, exécutent leurs œuvres en Europe, en s’appuyant sur des mémoires - parfois des plans – et des profils. En revanche, pour le XVIIIe siècle, Serres, Epernay, Ozane et Wylliams sont venus sur les lieux et même s’ils n’ont pas entièrement peint sur le motif, pour des raisons pratiques, ils prennent des croquis identiques aux premiers profils marins qui leur servent de base pour composer ensuite l’ensemble de la vue.

Dominique Serre, attaque de la Trinité, 1762.
88_TRINITÉ_1762.jpg

Rév. Cooper Wylliams, Attaque du Marin, 1795.
89_LE_MARIN_1794.jpg

Rév. Cooper Wylliams, Attaque de l’îlet à Ramier, 1795.
90_RAMIER_1794.jpg

Les bourgs de Saint-Pierre et surtout de Fort-Royal sont presque les seuls représentés et constituent l’essentiel des thèmes traités par l’iconographie d’avant la Révolution, souvent avec des préoccupations militaires. Ce sont elles qui ont incité les dessinateurs Serre et Wylliams à représenter d’autres lieux : La Trinité, Le Marin et l’îlet à Ramiers.

Théodore Gudin, fondation de la colonie de la Martinique. 1854.
67_DESNAMBUC.jpg

Théodore Gudin, Attaque de la Martinique par les Hollandais, en 1674.
91_ATTAQUE_1674.jpg

De façon tout à fait imaginaire, Théodore Gudin (1802-1880), peintre officiel du Second Empire, exécute des paysages de la Martinique, rappelant les épisodes militaires du début de son histoire : Fondation de la Colonie de la Martinique et Attaque de la Martinique par les Hollandais, en 1674.

Trouard de Riolle d’après Moreau de Jonnès, Vue de la Péninsule des Anses d’Arlet, 1820.
88_JONNES_1810.jpg

Au XIXe siècle : essentiellement Moreau de Jonnès (1810, mis en aquarelle par Trouard de Riolle) et Auguste Plée (1820).

Paysages de l’habitation  

Plan cadastral de l’habitation Anse Latouche, 1726.
92_ANS_LATOUCH_1726.jpg

Anonyme, Une habitation à la Martinique, vers 1780.
SUCRERIE_ANONYME.jpg

* Anonyme, Une habitation   à la Martinique, vers 1780.

Au XVIIe et XVIIIe siècles, l’intérieur des terres est peu représenté sous forme de paysage  , du moins aucune trace iconographique n’en subsiste. En revanche, quelques scènes d’habitations, - de plus en plus réalistes et parfois authentiques -, nous sont parvenues. Le début du XVIIIe siècle nous a laissé de magnifiques plans terriers (relevés cadastraux) d’habitations parfaitement localisées. La représentation des bâtiments en élévation permet une véritable reconstitution du paysage  , malheureusement sans la végétation.

A la fin du XIXe, les photographes prennent le relais, mais la gravure permet toujours une grande diffusion de certaines images qui s’imposent comme des références et des symboles de l’île. (Mémorial 2, p. 231)

Au XXe siècle les peintres n’interviennent que pour des manifestations qui suscitent des commandes (expositions coloniales, Tricentenaire), les graveurs disparaissent.

L’intérieur des terres

Théodore Gudin Paysage de la Martinique, 1854.
PAYSAGE_19e.jpg

Anguste Plee, le gourg de Saint Esprit en 1820.
ST_ESPRIT_1820.jpg

Nocolas Halma, vue d’une habitation aux trois ilets, 1805.
HABITION_3ILET.jpg

Opposition entre paysage   réaliste (Jonnès, Plée, Anonyme 1760, 1820 et 1850), souvent à vocation utilitaire (Hab 3ILETS, Paysage   1820 et Martin), dessiné sur le motif, et paysage   imaginaire dans la tradition exotique et orientaliste du Second Empire, avec des mises en scènes d’épisodes historiques, comme la prise de possession de la Martinique ou l’attaque hollandaise par Gudin.