Nord et Sud : les paysages contrastés de l’eau douce

L’eau contribue à expliquer les variations de paysages rencontrées en Martinique.
Une fois de plus la différence entre le nord et le sud apparaît clairement.

Les écoulements de l’eau en petite cascade sur les flancs des Pitons du Carbet (amont de Fonds-Saint-Denis)

- Le nord, largement arrosé, abonde en rivières permanentes, voire en cascades dès qu’une « avalasse » tombe, dessinant alors autant de stries blanches dans la toison vert sombre des forêts. Les pentes apparaissent profondément ravinées. Celles du volcan, jeunes encore présentent le même faciès, sauf entre Grand’Rivière et l’anse Couleuvre où les coulées sont plus anciennes : Eugène Revert a décrit ces parcours de rivières vives : « elles débutent par une pente de précipice, des rigoles collectent les eaux dans les bassins de réception dont l’entonnoir apparaît d’une surprenante régularité, le canal d’écoulement s’entaille en cañon dans la planèze   adoucie et lance son cône de déjections sur le littoral.

« La Falaise ramasse ainsi vers 1.200 mètres une partie des eaux qui viennent du Plateau des Palmistes dans de minuscules ravins de 50 à 60 centimètres de largeur et de 80 centimètres à un mètre de profondeur. Ils s’enfoncent peu à peu en s’anastomosant pour former en contrebas la trouée héroïque, la gorge ombreuse tapissée de lianes et de fougères arborescentes avec ses étroits furieusement rabotés par les crues.

« La Rivière du Macouba débute vers 450 mètres d’altitude par un vaste entonnoir où viennent converger d’extraordinaires réseaux chevelus qui remontent les pentes de la montagne jusqu’à 1.150 mètres. Le cañon qui en résulte forme une entaille si nette et si brusque et le paysage   se raccorde si bien de part et d’autre qu’à très peu de distance on ne saurait soupçonner la coupure.

« La Rivière du Prêcheur naît à l’extrémité occidentale du Plateau des Palmistes, entre le dôme de 1902 et le Morne   de Macouba. Elle parcourt quatre à cinq cents mètres sur un plan assez peu incliné avant d’arriver aux à pic qui s’ouvrent sur le flanc Ouest de la Pelée. En moins d’un kilomètre elle descend alors de 800 mètres. Le spectacle est impressionnant vu de l’ancien dôme, dont les pentes s’interrompent à l’origine des ravins affluents par des précipices de 3 à 400 mètres sur un extraordinaire enchevêtrement de crêtes et de cañons au delà desquels s’aperçoit la grande trouée qui conduit à la mer ».

Pli de terrain à sec, près de Sainte-Anne

- Le sud présente de tout autres paysages d’eau : les lits de rivières, moins encaissés, peuvent apparaître caillouteux et rester à sec une partie de l’année, à l’approche du Carême : la moindre pluviométrie s’ajoute à la forte perméabilité des sols pour expliquer ces phénomènes.
Les plus importantes d’entre elles sont toutefois pérennes , comme la rivière Pilote ou la rivière Salée qui serpente dans la plaine et nourrit la mangrove.