Les enjeux

Introduction

Cette cinquième et dernière partie de l’Atlas propose un regard critique et prospectif sur les paysages de la Martinique.

Un point d’arrêt est fait sur les principales valeurs paysagères de la Martinique. Finalement, au-delà du foisonnement des paysages, présentés, expliqués et décrits dans les trois premières parties de l’Atlas, qu’est-ce qui fait la valeur du cadre de vie Martiniquais ? Qu’est-ce qui constitue fondamentalement la personnalité du visage offert de la Martinique ? Qu’est-ce qu’il offre de meilleur ? Par quoi peut-on re-connaître l’île et partager cette reconnaissance ? Dans le présent Atlas, une douzaine de valeurs sont mises en exergue.

Cette étape est indispensable pour aborder en deuxième partie les processus de transformation des paysages et porter dessus un regard critique. Car ces paysages sont soumis à de puissants processus de transformation. Sur un territoire aussi exigu et densément habité, particulièrement sensible et fragile, la force de ces dynamiques d’évolution est démultipliée. Six phénomènes sont identifiés et illustrés dans les pages qui suivent :

  • le phénomène d’urbanisation
  • le durcissement des paysages bâtis
  • l’omnipotence de la voiture individuelle
  • la sur-présence des activités et des énergies
  • la fragilisation des paysages agricoles
  • la fragilisation des paysages naturels

Chacun de ces processus est mis au jour par l’analyse diachronique de photographies aériennes et de cartographies, par la synthèse de données chiffrées, par des témoignages qui font état d’une sensibilité aux enjeux, et par quelques reconductions de photos anciennes, qui permettent se saisir les transformations opérées dans la dimension de la perception sensible. L’observatoire photographique de la DEAL permet également, d’année en année, de révéler ces phénomènes.
Puis les processus sont largement illustrés par photographies légendées et commentées, de façon à être compréhensibles par tous. Plus tard, ces photographies, géoréférencées, pourront à leur tour être reconduites au moment ad hoc, pour saisir la nature évolutive des phénomènes identifiés.
Enfin la mise en évidence de ces processus et leur analyse critique, permettent pour chacun de formuler des orientations possibles. Là encore, ces orientations sont largement illustrées, cette fois-ci d’exemples positifs, la plupart pris en Martinique. C’est la preuve que de belles choses sont capables de se faire en matière de paysage  . Les exemples ainsi identifiés peuvent être sources d’inspiration pour agir à bon escient en faveur d’un cadre de vie maîtrisé et soigné.
Les orientations proposées dans l’atlas, une fois débattues et partagées, ont vocation à devenir des « objectifs de qualité paysagère » (l’expression vient de la Convention européenne du paysage  ), appelés à rassembler les nombreux acteurs du territoire sur une même ambition d’avenir pour les paysages Martiniquais.

« L’espace martiniquais est un anti-espace, limité au point de rogner sur l’être, mais divers au point de le multiplier infiniment. Ambiguïté. C’est là une île qui est comme une anthologie des paysages qu’on appelle tropicaux. Mais il n’est pas indifférent de reprendre ici la constatation que jamais le Martiniquais n’a le pressentiment ni l’inconscient tremblement de maîtriser cet espace. Toute collectivité qui éprouve la raide impossibilité de maîtriser son entour est une collectivité menacée ».

Edouard Glissant, le discours antillais, Gallimard 1997