Les paysages et les sols

Les sols contribuent à expliquer certaines variations de paysages que l’on peut rencontrer en Martinique, par leurs capacités plus ou moins grandes à recevoir des cultures, de l’élevage, de la forêt.
Une carte simplifiée permet d’identifier six types de sols, qui contribuent à différencier certains grands ensembles ou unités de paysages :

- Les sols peu évolués sur alluvions dessinent précisément la plaine du Lamentin, née d’un effondrement tectonique et remblayée d’alluvions.

- Les sols peu évolués sur cendres et ponces se rencontrent à basse altitude autour de la Pelée, de Saint-Pierre à la rivière Capot (Basse-Pointe).

- Les Andosols (aussi appelés sols à allophane) se retrouvent à plus haute altitude, nécessitant, pour leur formation, la fraîcheur et l’humidité qui permettront l’accumulation des produits carbonés. Ils couvrent l’essentiel du nord de l’île (massifs de la Pelée et des Pitons) à l’exception des pentes basses. Ce sont des sols riches, ce qui explique leur déforestation et leur mise en culture lorsque le climat et les pentes le permettent.

Les sols bruns rouges à halloysite, au-dessus du Marigot

- Les sols bruns-rouges à halloysite forment le rivage et les basses pentes de Sainte-Marie à la rivière Capot au nord-est de l’île, ainsi que les pentes intermédiaires qui courent de Vert-Pré au Carbet en passant par Fort-de-France. Ils sont formés à partir de projections volcaniques de cendres ou ponces perméables et comportent une argile, l’halloysite, voisine de la kaolinite. Ce sont des sols de prédilection pour la culture de la banane, dans des régions où la pluviométrie atteint 1800 mm et où la saison sèche est peu marquée.

Sensibilité des Ferrisols à l’érosion vers Saint-Laurent/La Manzo

- Les Ferrisols (ferrisols compacts, sols rouges ou bruns montmorillonitiques) composent le grand ensemble paysager des « mornes du sud », depuis les environs du Marin/Sainte Luce au sud jusqu’à la presqu’île de la Caravelle / La Trinité au nord. Sans évoluer jusqu’à la latérite, ils sont néanmoins soumis au phénomène de latéritisation : les éléments sont entraînés mécaniquement et chimiquement, à l’exception de l’alumine et du fer, insolubles, qui subissent de ce fait une concentration sur place.

Maisons sur Vertisols, victimes de glissement de terrain. Le François

- Les Vertisols (sols vertiques et mollisols) couvrent la presqu’île du sud-ouest, celle de Sainte-Anne, et se rencontrent en pied de pente sur la côte est jusqu’au François et sur la côte de Fort-de-France jusqu’au Carbet/Saint-Pierre. Autrefois cultivés en canne à sucre, ces sols sont utilisés aujourd’hui surtout pour les cultures fourragères et maraîchères. Ils se forment là où l’alternance des saisons sèches et humides est contrastée. En saison humide, ses argiles gonflantes lui confèrent compacité et adhérence. En saison sèche, Il présente d’amples fentes de retrait.

Globalement, ces sols hérités des roches volcaniques sont fertiles. Malheureusement certains d’entre eux sont gravement pollués au chlordécone, ce qui hypothèque plus ou moins leur avenir agricole. Les plus gravement touchés, avec une contamination qui serait supérieure à 1mg/kg, se trouvent au nord-est de l’île : les grandes pentes cultivées de Macouba/Basse-Pointe, le secteur d’Ajoupa-Bouillon/Morne  -Rouge, les mi-pentes cultivées du Morne   Capot au Gros-Morne  . Dans ces secteurs, les Andosols peuvent rester contaminés jusqu’à sept siècles…
Les autres secteurs, moyennement à fortement contaminés (teneurs comprises entre 0.1 et 1 mg/kg) courent au centre de l’île de Saint-Joseph à proximité de Rivière-Pilote en passant par le Lamentin et Saint-Esprit. Dans ces secteurs, les espèces suivantes peuvent être mises en culture, d’après l’INRA et le CIRAD : ananas, bananes, choux pommés, cultures fruitières arbustives et arborées, canne à sucre destinée à la transformation (rhum, sucre), haricots verts, tomates, aubergines, piments, poivrons, ainsi que les cultures hors sol et les cultures non alimentaires.