Les paysages de l’élevage

Pâturages en bord de mer, presqu’île de la Caravelle

Paysage pâturé de la presqu’île de Sainte-Anne

Paysage pâturé du Marin

Importance paysagère des pâturages, ici sur les pentes vers Morne Roches

Pâturages avec Fort-de-France à l’horizon

Pâturages dans les plaines littorales vers Le Robert, pointe Hyacinthe

L’élevage est très présent en Martinique ; il contribue à composer des paysages de grande qualité, qui font une part de la personnalité de l’île. Contrairement à d’autres îles tropicales (comme La Réunion), les prés et les pâtures ne se concentrent pas en altitude. On les trouve certes en petites surfaces disséminées dans les hauts du nord de l’île, contribuant à la diversité des paysages de « campagnes » décrits ci-dessus ; mais l’essentiel des prés s’étend en « savanes » sur les pentes basses du sud de l’île, jusqu’au contact direct avec la mer. C’est vrai sur une partie de la presqu’île de la Caravelle, vers le Vauclin, vers Sainte-Anne, vers Ducos, vers les Trois-Ilets, ainsi que sur les hauteurs du Marin, des Anses d’Arlet. Au final, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les surfaces toujours en herbe sont les plus nombreuses, couvrant 39% de la SAU, contre 29% seulement pour la banane et 14% pour la canne à sucre (auxquelles s’ajoutent : Légumes 8% Fruits 2% Jachères 7% Autres cultures 1%, chiffres des comptes départementaux de l’agriculture 2005).

La limite de brume fréquente est le principal facteur qui distingue les secteurs habités et agricoles (dans les pentes basses et moyennes de l’île) des secteurs « naturels » (dans les hauteurs). Ici elle apparaît à l’horizon, coiffant les hauteurs, tandis que les pentes littorales et moyennes restent ensoleillées. Vue depuis la presqu’île de la Caravelle.

Pâturages bocagers vers Le Lorrain

Haie vive de « gliciridia » (Gliricidia)

Le « gliciridia » (Gliricidia sepium), apprécié comme haie fourragère, et dessinant les clôtures vives caractéristiques des pâtures de la Martinique

Les prairies et pâtures en savanes offrent le grand avantage de rendre vivant le paysage   par la présence des animaux, d’ouvrir les vues, notamment vers la mer, et d’enrichir les milieux et les paysages par l’existence de structures paysagères   valorisantes telles que les haies, les bosquets d’arbres, les mares abreuvoirs : autant de motifs qui disparaissent des secteurs mis en culture, mais que l’élevage permet de créer et de pérenniser. Parmi ceux-ci, les « lisières » ou clôtures vives de gliricidias (Gliricidia sepium) constituent une originalité qui signe la personnalité des paysages d’élevage martiniquais : depuis les années 1920, elles ont peu à peu remplacé les anciennes lisières de « pois doux » grâce à leurs qualités : rapidité de croissance, ombrage tempéré pour les animaux et les jeunes plantations, excellent engrais vert, feuillage appétant. Dans l’extrême Sud, c’est l’Acacia sundra (originaire d’Inde) qui opposait une barrière infranchissable aux déprédations du bétail, d’où son nom d’arrête-bœufs.