Le nom, la forme et la position de la Martinique

La première représentation cartographique des Antilles et de ce que l’on va appeler la Martinique, ne se trouve pas sur la mappemonde réalisée par le pilote de Christophe Colomb, Juan de la Cosa, entre 1500 et 1503. C’est la cartographie portugaise, souvent au service de l’Espagne, qui, la première, désigne les « Antilhas » et confirme les noms attribués par Colomb à chacune des îles, en particulier « Matinino » ou « Matenino » pour la Martinique. Ce nom devient « Martinino » sur les cartes espagnoles, tandis que l’école de Dieppe adopte le nom « Matinnic », que les cartographes français qui suivent transforment en « la Martinitte ». A cette époque, la forme de l’île est donnée comme globuleuse, les péninsules et la baie de Fort-de-France se trouvant sous représentées, sa superficie est inférieure à celle de la Dominique et sa position relative aux îles voisines est fausse.

Les cartes du XVIIe siècle, et bien des cartes du XVIIIe siècle, nous présentent une Martinique certes globalement insulaire avec un littoral plus ou moins découpé par la mer, mais compter les caps ou suivre le cours des rivières se révèle être une entreprise hasardeuse. Les déformations sont importantes, la forme est soit trop ronde ou trop dentelée, la presqu’île de la Caravelle et la partie sud de l’île ont le plus grand mal à prendre leurs véritables proportions. Deux tendances s’esquissent : l’une tend à surestimer l’importance du nord de la Martinique, exagérément enflé surtout la Basse Terre (Visscher), et à réduire celle du sud (Blondel), l’autre étire la forme de l’île, exagérant l’importance, le nombre et la disposition des péninsules et des baies (Sanson, Dutertre).

On connaît et donne la latitude, dès la première carte particulière de l’île : 14 degrez 30 minutes de Latitude Septentrionale écrit Sanson avant 1645, Ce point ne variera pas jusqu’aux corrections du père Feuillée qui donne 14° et 33’, en 1706. Pour la longitude, l’incertitude subsiste jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et explique en partie les variations de longueur et d’orientation de l’île.