3 - L’omnipotence de la voiture individuelle

Quelques chiffres et données Risques et problèmes Pistes d’actions et exemples
753 km de routes en 1950
3 163 km de routes en 2002

RN1 en entrée d’agglomération de Fort-de-France :

1964 : 6 000 véhicules par jour
1986 : 55 592 véhicules par jour
1994 : 92 500 véhicules par jour

Selon D. Martouzet, l’entrée sud de l’agglomération supporte ainsi un trafic équivalent à celui de l’entrée sud de l’agglomération lilloise où réside 6 ou 7 fois plus d’habitants.

Environ 20 000 carcasses de voitures en bord de routes

(VHU : véhicules hors d’usage)

« Pour moi, il y a un seul fait (qui a influencé l’aménagement de l’espace et le cadre de vie à la Martinique ces 30 dernières années) et c’est la construction de l’axe routier Schoelcher-Lamentin étendu peu à peu jusqu’au Marin avec pour conséquence, l’accroissement du nombre d’automobiles vendues et achetées. Cet axe routier, véritable « pieuvre », asphyxie et pèse sur les paysages, les existences et les déplacements. L’autoroute tue la vision du paysage   qui borde. »

Vincent HUYGHUES-BELROSE, historien, La Mouïna n° 6, CAUE décembre 2009

3.1. Une aggravation de l’étalement urbain

Une ouverture valorisante sur le grand paysage depuis Fort-de-France, avec les pitons du Carbet à l’horizon. Des vues à valoriser depuis l’espace public.

Problème d’absence de voie vélo, obligeant les cyclistes à emprunter la RN 5 à 2X2 voies. Rivière Salée.

3.2. Une dépendance à la voiture préjudiciable à la qualité de vie et insoutenable

3.3. Une négation complète des déplacements doux

Encombrement de l’espace public par la voiture, inconfort et insécurité pour le piéton. Problème à Ducos.

Un carrefour routier en centre-bourg, impraticable pour les piétons. Sainte-Marie.

Des trottoirs impossibles à emprunter et même dangereux. Une priorité piétons/voitures qui reste complètement à inverser. Fort-de-France.

Des trottoirs impossibles à emprunter et même dangereux. Une priorité piétons/voitures qui reste complètement à inverser. Fort-de-France.

Problème d’absence de place pour le piéton, même en centre-ville. Fort-de-France.

Disparition du trottoir, remplacé par une voie d’entrée de parking souterrain, à l’approche du pont enjambant la rivière Madame. Fort-de-France. Des priorités piétons/voitures à revoir entièrement.

Des trottoirs hauts, étroits et discontinus, qui rendent inconfortable la déambulation piétonne en centre-ville, malgré la présence de commerces et de patrimoine bâti. Le François.

Des trottoirs étroits et peu confortables, Fort-de-France centre-ville.

Des espaces de vie insuffisamment aménagés au bénéfice des piétons, de la vie locale et des courtes distances. Vers Morne-des-Esses.

Centre-ville de Gros-Morne, marqué par le béton des maisons et des soutènements

3.4. Une dévalorisation des espaces publics urbains par des aménagements excessivement routiers

La coupure de la rocade de Fort-de-France dans le tissu bâti.

Effet de coupure routière en milieu urbain : la rocade à Fort-de-France, vers Fond d’Or.

Des espaces excessivement routiers, difficiles à vivre. La RN 6 à Dostaly (sud du François).

Problème d’aménagement excessivement routier, entrée de ville de Morne-Rouge.

Forte confrontation entre la voie routière et le milieu urbain : la RN 1 vers Dillon.

Une voie à requalifier en milieu urbain. Avenue Maurice Bishop, Fort-de-France.

La RN2 à Case-Pilote : une image et des usages trop routiers et pas assez urbains : surlargeurs minéralisées, absence de cheminements piétons.

Problème du passage de la RN dans Sainte-Luce : nuisances visuelles et sonores, coupure physique.

Des logiques routières qui s’imposent jusqu’en milieu urbain, obligeant à des dispositifs complexes de franchissements piétonniers. Ducos, RN 5.

L’entrée du Morne-Vert, peu attractive et qui détonne dans le cadre naturel grandiose du village.

3.5. Une dégradation des entrées de ville

Problème d’entrée de ville de Fort-de-France, Schoelcher.

Problème d’entrée de ville de Fort-de-France, RN1 vers Cité Dillon.

3.6. Une raréfaction des routes paysages

Une ouverture sur la mer potentielle mais non valorisée : végétation qui cache, réseaux électriques aériens, abords routiers. Fort-de-France.

Un cas de point de vue sur le grand paysage à valoriser : suppression de la glissière en béton armé, aménagement de point d’arrêt, apport d’information, … RD 5 vers Valatte.

3.7. Une banalisation des routes par les aménagements techniques

Des paysages routiers ingrats. Ouvrage à l’échangeur RN 1/A1.

Des ouvrages routiers hétéroclites et durs. RN 5, Ducos.

Problème de talus renforcé par caisson béton. Aspect peu avenant du paysage de la route. Saint-Joseph.

Problème de durcissement du paysage de la route par armement des talus. Travaux en cours, hauts de Fort-de-France.

Problème d’érosion sur talus. Vers Morne Acajou.

3.8. Un envahissement des panneaux et enseignes

Enseignes sur un rond-point, Trois-Ilets.

Enseignes au carrefour RD7/RD 38 vers la Pointe du Bout, Trois-Ilets.

Panneau publicitaire masquant la vue, descente sur Le Lorrain depuis la RN1.

Série d’enseignes en bord de route, Anse-à-l’Ane.

Même problème d’enseignes démultipliées à Grande Anse.

Panneaux problématiques émaillant des talus au bord de la rocade de Fort-de-France.

Panneaux problématiques émaillant des talus au bord de la rocade de Fort-de-France.

Envahissement de panneaux publicitaires vers Didier.

Série de panneaux publicitaires égrenés le long de la RN6 à Fond Savane.

Envahissement de panneaux publicitaires autour d’un rond-point, Le François.

3.9. Une présence lancinante des carcasses de voitures (VHU)

Carcasses de voitures en bord de route.

Carcasses de voitures en bord de route.

1. Développer des transports en communs efficaces et confortables

« Il faut signaler l’existence, appuyée sur de très anciennes traditions, de transports par navettes maritimes dans la baie de Fort-de-France pour relier Foyal aux Trois Îlets, puis les Anses d’Arlet et Sainte-Anne. Ces liaisons sont efficaces, rapides, régulières et bénéficient d’une excellente image : près de 900 000 passagers les empruntent chaque année entre Foyal et les Trois Îlets dont les deux tiers sont des Martiniquais avec 60% de ces déplacements entre domicile et travail. »

Laurent Charré, Albert Flagie, « les tendances de l’urbanisation en Martinique, DDE mai 2001)

Transports alternatifs à la voiture individuelle : l’exemple positif des batobus (navettes maritimes) à travers la baie de Fort-de-France.

Transports alternatifs à la voiture individuelle : l’exemple positif des batobus (navettes maritimes) à travers la baie de Fort-de-France.

2. Redonner la ville au piéton et transports en commun, promouvoir la ville des courtes distances

« Actuellement, 2/3 des foyers possèdent au moins une voiture. Cela représente la liberté, la possession de quelque chose qui s’apparente au fétichisme, au point de croire que l’on est important ! Comment amener le Martiniquais à se défaire, sur une courte distance, de sa voiture ?

Pour gagner le pari du tramway, il faut que les décideurs donnent rapidement une âme à cet investissement. C’est une vraie conduite de projet qui devrait comporter dès l’ouverture de ce chantier : un volet technique, un volet sociologique, un volet psychologique, un volet environnemental. Seul le volet technique a fait l’objet d’une attention particulière. Ce projet est présenté comme un vrai projet de développement durable. Cependant notre approche maladive à ne circonscrire le développement durable qu’à l’environnement enlève à ce chantier son caractère exemplaire en la matière. »

Danielle Laport, sociologue – La Mouïna n° 6, CAUE, décembre 2009

Des piétons qui ne demandent qu’à mieux vivre la ville. Ici la rue de la République piétonnisée à Fort-de-France.

Un exemple intéressant de rue réaménagée pour réduire la place de la voiture au bénéfice des piétons (rue Moreau de Jones, espace Perrinon, Fort-de-France).

Un modeste mais précieux passage piéton en ville (passage des Canéficiers, Fort-de-France)

Un exemple intéressant d’espace public réservé aux piétons : placettes, circulations, franchissement de l’eau. Anse Dufour.

Un exemple intéressant d’espace public réservé aux piétons : placettes, circulations, franchissement de l’eau. Anse Dufour.

Un exemple intéressant d’espace public réservé aux piétons : placettes, circulations, franchissement de l’eau. Anse Dufour.

Exemple de requalification d’espace public, Anse du Diamant.

Saint-Pierre centre : un bord de mer récemment remis en valeur au bénéfice des espaces piétonniers

Une passerelle piétonne qui a le mérite d’exister pour relier deux quartiers de part et d’autre de la rivière Lézarde (quartiers Ressources/quartier Place d’Armes, Le Lamentin).

Des passages piétons qui ont le mérite d’exister et qui peuvent faire l’objet d’aménagement pour les rendre plus attractifs. Fort-de-France.

Exemple d’espace public simple et enherbé à Fond Capot.

Cas d’une ouverture visuelle à identifier, préserver et revaloriser. Vue sur la mer et Fort-de-France depuis l’avenue Pasteur.

3. Requalifier les routes en ville dans des dispositions urbaines

Un exemple d’avenue requalifiée : trottoirs et ombrage. Entrée de La Trinité.

Un exemple intéressant d’avenue plantée : avenue de la Liberté, Le Lamentin.

4. Identifier et préserver les routes-paysage  

Un exemple d’avenue requalifiée : trottoirs et ombrage. Entrée de La Trinité.

Un exemple intéressant d’avenue plantée : avenue de la Liberté, Le Lamentin.

Un bel exemple de route-paysage : la RD 2 sur la presqu’île de la Caravelle, ouvrant ici des vues sur la baie du Galion.

Les routes-paysage : des routes ouvertes sur le paysage et gardant un gabarit réduit qui limite les vitesses et préserve les abords. Exemple sur la presqu’île de la Caravelle.

Un exemple de route-paysage, vers La Cocotte, Ducos.

Un exemple de vue à identifier et à préserver : ouverture sur la Pelée depuis la route de la Trace.

Une ouverture visuelle intéressante sur Ducos, vue depuis la route nationale. A identifier et à préserver, ce qui suppose l’inconstructibilité des abords de la route.

Un passage spectaculaire de la route à valoriser : sur une échine étroite de crête, ouvrant des vues de part et d’autre. Vert-Pré, Chère Epice.

Cas de point de vue à valoriser. Vers Duchêne, Le Robert.

Un exemple intéressant de distance préservée entre la route et l’urbanisation : mise en valeur de la silhouette urbaine compacte du Lamentin vue depuis la RN 1.

5. Planter les routes, réduire leurs emprises visuelles

Un bon exemple de route plantée, ici avec un alignement de flamboyants. Route de Trois-Ilets.

Un bon exemple de route plantée. RN4 vers Saint-Joseph.

Un bon exemple de carrefour planté (carrefour de la route de Trois-Ilets).

Exemple de route plantée. RD 21, Basse-Pointe.

Exemple de route plantée. Pointe Cerisier, Le François.

Un même talus à quelques mètres de distance, avec des choix d’aménagements différents qui génèrent des paysages radicalement opposés (Gros-Morne  ) :

1/ Talus réaménagé par des caissons béton. Aspect sec et pauvre, paysage banalisé.

2/ Talus planté, aspect valorisant du paysage de la route.

Un bon accompagnement végétal de la route en secteur habité diffus. RD 15 vers Morne-des-Esses.

Bon exemple de talus végétal en secteur habité. Morne-des-Olives, Saint-Joseph.

6. Réduire les points noirs des paysages routiers : panneaux et enseignes publicitaires, carcasses de voitures

Au début des années 2000, la Région a décidé d’assurer la maîtrise d’ouvrage pour la mise en place d’une filière d’élimination des carcasses de voitures (VHU : véhicules hors d’usages). En 5 ans, malgré toutes les difficultés (difficultés financières, difficulté de stockage en attendant l’exportation par bateau des carcasses compactées -seulement deux fois par an-), 9 000 VHU ont été éliminés. (chiffres profil environnemental DIREN 2008).