Quelques chiffres et données

Densité de population

en 1999 : 338 habitants par km2.
en 2006 : 363 habitants au km2 : plus de trois fois celle de la métropole.

Soit une hausse moyenne d’environ 1% par an.
Sur la même période, la croissance annuelle moyenne du nombre de logements a été de 2%.

Les années 1960

« Les premiers POS ont été mis en place aux alentours de 1969 en Martinique. Les POS, qui sont aujourd’hui en cours de remplacement par des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU), ont permis à travers leurs règlements de limiter certaines pratiques architecturales en vigueur dans les constructions domestiques martiniquaises édifiées dans les années 1960. Il s’agissait notamment de l’utilisation systématique d’arcades, de toitures terrasses, de pilotis, de baies vitrées, …, qui a conduit à la production de bâtiments à l’architecture pauvre, souvent disharmonieuse, que l’on pourrait qualifier de « moderniste abâtardie. (…). »

Les années 1970

« Les POS n’ont cependant pas été la panacée, car la qualité architecturale de nombreuses constructions édifiées durant les années 1970 à 1980, n’a été pas au rendez-vous, alors même qu’elles respectaient les règlements d’urbanisme. Les maitres d’oeuvre en respectant à minima ces derniers ont conçu des bâtiments à l’architecture basique qui ne présentaient pas de véritables relations d’harmonie entre les toitures et les façades, les pleins et les vides, les couleurs... (…) Les années 1970 ont connu une augmentation des logements sociaux. Les immeubles collectifs de loge­ments se sont développés. Les maisons basses indivi­duelles ou en bandes, ont ainsi cédé progressivement la place à des immeubles collectifs de plusieurs niveaux, généralement des R+3, voire à des barres ou à des tours de 12 étages et plus. Cela a entraîné un change­ment des modes d’habiter chez de nombreuses person­nes qui étaient jusqu’alors peu habituées à vivre dans ce type de constructions... Les nouveaux bâtiments ont délaissé la toiture terrasse au profit des toitures en pentes, à l’instar des constructions domestiques… »

Les années 1980

« A partir de 1980, la production architecturale s’est diversifiée, influencée par l’architecture contemporaine française ou internationale, sinon par un style néo-créole qui s’est fait jour à partir de 1986, année de la première loi de défiscalisation, principalement dans les structures touristiques et dans les constructions de logements col­lectifs privés ou individuels. Durant cette décennie, de nombreuses opérations de résorption de l’habitat insalubre ont été menées, notam­ment dans les quartiers spontanés qui se sont dévelop­pés durant l’exode rural des années 1960/1970, dans de nombreuses communes notamment à Fort de France, au Lamentin et à Schoelcher. Le plus célèbre étant Texaco qui a donné son nom à l’ouvrage de Patrick Chamoiseau qui a obtenu le prix Goncourt en 1992. »

Les années 1990-2000

« Les lotissements du début avaient des parcelles souvent supérieures à 1000 m². Aujourd’hui, il n’est pas rare d’en voir mesurant 400 m², voire moins. La moindre parcelle est exploitée à la limite de la Surface Hors OEuvre Nette maximale autorisée, et souvent les constructions qui s’y élèvent dénaturent le paysage   du fait de leurs volumétries importantes, des matériaux ou des couleurs utilisés… Quant aux logements proposés à la vente, ils montrent des surfaces habitables de plus en plus réduites, quitte à installer la cuisine sur la loggia pour gagner en SHON. (…) On assiste aussi à la création de résidences formant de véritables ghettos où les habitants vivent dans une enceinte close, fermée par un portail avec digicode, où il faut montrer « patte blanche » pour accéder.
Enfin, depuis ces dernières années, on assiste à la construction d’immeubles de logements collectifs dits intermédiaires ou de standings sur des terrains situées en zones urbaines, récupérés après démolition de constructions, parfois intéressantes sur le plan architectural…Avec le développement des lotissements, on a vu parallèlement se développer les constructeurs de maisons individuelles qui proposent la plupart du temps des produits à l’architecture « néo-créole ». Les constructions en bois qui n’étaient pas bien vues dans les années 1960/1970, rappelant peut être trop la case   et son côté populaire, ont retrouvé leur attractivité ».

P. Volny-Anne, architecte, CAUE, La Mouïna n° 6 Décembre 2009