Paysages mythiques des Indiens
Souvent relégués au ban de la société, longtemps privés de leur nom et qualifiés de ’coulis’, les Indiens ont pu développer à la Martinique - mais en relation avec le reste des Antilles - une assimilation identitaire d’abord fondée sur la pure et simple onomastique : c’est comme si ces véritables Indiens avaient remplacés ceux que l’arrogance européenne a décidé d’appeler Indiens (d’Amérique), c’est-à-dire les Caraïbes, et que sa première colonisation a décimés. Certains de leurs écrivains contemporains jouent sur l’homonymie et la confusion entre Indes orientales et Indes occidentales et ont proprement biffé le paysage antillais pour lui substituer le fantasme d’une origine plus radicale, vivant un pays rêvé plutôt que le pays réel. La réalité des îles s’avère n’être qu’un simple support imaginaire pour les descendants d’engagés indiens qui revendiquent de plus en plus ouvertement un désir d’autochtonie américaine, face au trio Nègre, Blanc, Mulâtre. Ils retournent à leur profit l’ironie de la sémantique coloniale : l’Inde dont ils rêvent, mais qu’ils ignorent, prend les apparences de la réalité martiniquaise qui, de ce fait, devient fantomatique.