Le paysage industriel (XIXe-XXe siècles)
Les paysages de l’habitation et du jardin peu à peu étendu à l’ensemble de l’île et stabilisés dans leurs caractères, sont en partie transformés par la mise en place progressive des usines centrales, entre 1850 et 1880. En réalité, après l’échec de l’usine Thorp à la Pointe Simon (Fort-de-France), l’emprise de l’usine ne s’est étendue qu’aux régions planes : plaines ou plat pays du Lamentin et de Rivière-Salée, du François, de Sainte-Marie, de Basse-Pointe, du Lorrain, du Robert et de Trinité, du Vauclin et du Marin, soit 13 au total en 1947.
Contrairement à ce qu’on affirme, l’avènement de l’usine dans le domaine du sucre n’a pas fait disparaître les autres productions et n’a pas entraîné la radicalisation du binôme champs-jardins dans le paysage . En fait, la transformation usinière n’a jamais été totale, les habitations des hauteurs, trop éloignées des nouveaux centres de manipulation, ont continué leur fabrication de sucre puis sont passées à la distillation du « rhum zabitant » (d’habitation et non d’usine) et dans une moindre mesure à la fabrication du « sirop batterie ». Comme le soulignait Revert, en 1946, « à tous les moments de l’histoire de la Martinique, la petite propriété est arrivé à se maintenir plus ou moins aux côtés de la grande » et qu’elle « tendit à se développer au lendemain même de la libération ». Face à l’usine centrale, la petite exploitation agricole a non seulement résisté mais a même progressé, quitte à vendre sa production à l’usine. En outre, sur les terres vacantes des habitations ruinées et sur les terres domaniales, se sont produites nombre d’occupations de fait, sans aucun titre, mais qui ont fini par être régularisées.
La grande propriété d’usine, avec les champs, se trouve concentrée dans les huit centres : Rivière-Pilote, le Saint-Esprit, Saint-Joseph, Sainte-Marie, le Gros-Morne , Rivière-Salée, le Lorrain et le Vauclin. Les quatre communes de Rivière-Pilote, Le Saint-Esprit, Rivière-Salée et le Vauclin sont limitrophes et c’est là qu’on trouvait, en 1946, près de 1700 petites exploitations reconnues dont il faut remarquer qu’elles se localisent très exactement sur les pentes de la « barre de l’isle », zone d’ancienne culture en jardins. Il en va de même pour les hauteurs limitrophes de Saint-Joseph, du Gros-Morne et de Sainte-Marie auxquelles se rattachent la partie élevée du Lorrain avec la montagne du Marigot.
C’est donc dans un autre domaine que l’industrialisation a affecté le paysage de la Martinique : celui des transports.
1. La modernisation de l’infrastructure routière apparaît au début du XXe siècle sur la carte des routes. On y reconnaît en particulier l’achèvement du tour de l’île, à l’exception, toujours actuelle, de la section Grand’Rivière-Le Prêcheur.
En fait, comme le montre la carte des Ponts et Chaussée, l’essentiel de la circulation des personnes et des marchandises s’effectue par cabotage : en 1927 encore, il n’y avait pas 15.000 véhicules en circulation dans l’île.
2. Les chemins de fer témoignent des nouvelles nécessités de gestion de l’espace qu’implique la concentration industrielle et foncière de la production sucrière dans les usines centrales.
Le cabotage, avec les « marines » (débarcadères), terme disparu de l’usage, transforment le paysage littoral.
Martinique – Carte de l’alimentation en eau potable des communes du centre et du sud
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On notera enfin, pour le XXe siècle, la carte de l’adduction d’eau du Sud.