La première représentation du relief (XVIIe siècle)

Première représentation du relief: la montagne Pelée et les trois Pitons - 1672
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La figuration du relief apparaît vers 1645 sur les premières cartes françaises connues de la Martinique : ce sont des amas isolés de pains de sucre plus ou moins crénelés sur la Basse-Terre ou côte caraïbe. Ensuite, les cartographes figurent des taupinières grossièrement ombrées ou finement ciselées, puis des massifs pommelés ou des chaînes moutonneuses qui remplissent peu à peu toute l’île. Cette forme de transcription vise plus à signaler qu’à décrire, elle est particulièrement nette sur une carte anonyme de 1672 environ où le relief de l’île se résume à la Montagne Pelée et aux trois Pitons du Carbet.

  • Sanson d’Abbeville (1645), Peyrounin et Dutertre esquissent la « Montagne Pelée », la désignent par ce nom, mais n’en donnent pas aux Pitons du Carbet, qu’ils figurent par les deux cônes qu’on aperçoit du large. Ils dessinent également les falaises rocheuses de la « côte de fer », depuis le Carbet jusqu’à la Pointe des Nègres, ainsi que les massifs de collines de la Caravelle et des Anses d’Arlet. Une seule région plane est indiquée vers Basse-Pointe par la mention « Plat Païs ».
  • Chez Dutertre, chez ses prédécesseurs et ses successeurs, seuls sont représentés les reliefs de la Basse Terre, moitié de l’île effectivement colonisée avant 1658, à l’exception des mornes de la Caravelle, visibles de la mer. La représentation du relief est donc purement utilitaire et traduit exactement l’espace que les compatriotes contemporains du cartographe contrôlent.

Représentation du relief : BLONDEL - 1667
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3. Blondel (1667) est le premier à tenter de représenter l’ensemble du relief de l’île, essentiellement les montagnes, et à signaler le Piton   du Vauclin. Non seulement les figurations sont fausses en élévation et en proportions, mais elles le sont aussi dans leur localisation. Cela est particulièrement visible sur la carte qui figure « Le Morne   Vert » plus étendu et plus élevé que la Montagne Pelée et son lac et ne connaît qu’un seul « Piton   du Carbet ». Cependant, il est clair qu’il a voulu représenter tous les pitons (5) et pas seulement les deux qui sont visibles de la mer : les pitons Lacroix et Dumozet. On y trouve un « Morne   des Salines » presque aussi imposant que le « Piton   du Vauclin » et qu’un « Piton   des Pères Blancs » (Morne   Calebasse ?) placé derrière la Montagne Pelée. Restée manuscrite, sa carte est ignorée par les cartographes imprimeurs qui ne découvrent sa préoccupation que bien plus tard.

Représentation du relief - DEFER - 1704
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4. La carte de Nicolas de Fer (1646-1720), présente un léger effet de relief qui donne une idée générale de l’aspect montagneux de l’île, sans rapport avec sa topographie réelle et sans aucune attribution de nom.

Représentation du relief - LABAT - 1722
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5. Avec Labat, on atteint la plénitude de ce que la connaissance du terrain et les techniques de représentation du relief pouvaient permettre jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. La Montagne Pelée et dessinée et désignée par ce nom, les Pitons du Carbet, au nombre de deux ou trois sont figurés par des montagnes pyramidales, Visscher avait désigné le Morne   aux Bœufs sur la « côte de fer » et Labat ajoute le « Morne   la Calebasse » et le Gros Morne  .

Sur toutes ces cartes, la figuration du relief est purement arbitraire et Jonnès résume ainsi cette technique de transcription qu’il retrouve chez Labat :

« Il est presqu’inutile d’observer que dans les deux cartes des P.P. Dutertre et Labat ainsi que dans les suivantes, les reliefs sont exprimés par des profils et non par la projection orthographiques horizontale. Dans l’espèce de perspective que représente ceux de l’esquisse de Labat, on croit voir les vagues de la mer s’élevant les unes au-dessus des autres par une suite d’ondulations ».