Introduction

Aucune véritable histoire de la géographie martiniquaise, de la cartographie moins encore, n’a été entreprise depuis qu’Alexandre Moreau de Jonnès – qui n’était même pas géographe lui-même – a déposé son Précis sur les travaux géographiques sur le bureau du ministre de la Marine Dubouchage, le 1er juillet 1816.

E. Revert, qui n’ignore pas Moreau de Jonnès, fait quant à lui remonter à l’hydrographe Monnier (1824-1825) les premières cartes exactes de l’île, lequel Monnier reconnaît sa dette envers les ingénieurs du roi et envers Moreau du Temple (1770) pour la triangulation. Ni les uns ni les autres cependant n’ont procédé à une revue aussi complète de leurs prédécesseurs que Moreau de Jonnès, pas même le chef d’escadron Périssé, alors directeur de l’artillerie, qui proposait en 1888 de reprendre les levés de Paul Monnier et des ingénieurs qui l’avaient précédé [1].

Aussi impressionnant soit-il, l’Atlas de la Martinique réalisé à Bordeaux en 1968, ne parvient pas, en une page et une reproduction, à rendre compte de l’incroyable production cartographique à laquelle cette petite île a donné lieu depuis le XVIIe siècle. Même si la documentation consultée par Jonnès se limitait à celle rassemblée au Dépôt des Fortifications des Colonies et au Service hydrographique de la Marine et que nous disposons aujourd’hui de beaucoup plus de cartes qu’il n’a pu en voir, il faut repartir de lui pour combler cette lacune, en ayant un jugement plus nuancé que le sien. (ATLASORTOM 0).