11 - L’élégance du patrimoine architectural

Une case traditionnelle à Fort-de-France (dessin B. Folléa)
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L’habitation Clément (Le François), témoin d’un savant art de vivre en climat tropical
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Maisons de ville réhabilitées au Vauclin
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Une modeste case, délicatement reconvertie en galerie d’art contemporain (Le Marin)
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Trénelle, Fort-de-France
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« C’était une longue bâtisse de bois immortel, environnée d’épineux pieds-citrons, de glycérias et d’orchidées. Dans son carrelage d’argile se lovaient des fraîcheurs et plongeaient sans fournaise les rayons du soleil. Piégés par les persiennes, les cloisons ajourées, les vents la traversaient en un aléliron. Une galerie couverte, longée de jarres à pluies, lui filtraient les effluves du sucre et des fleurs du jardin. En plein jour, une pénombre emplissait l’intérieur, accusant la rougerie-acajou des meubles aux formes massives ».

Patrick Chamoiseau, Texaco, Gallimard 1992

Les rudes conditions naturelles de la Martinique, soumise à la chaleur, à l’humidité tropicale, aux vents alizés, aux tremblements de terre, aux cyclones et aux éruptions volcaniques, ont conduit les hommes à adapter leur habitat. Grande ou petite, la case   traduit un art de vivre délicat dans cette nature puissante, qu’illustre à merveille la véranda : la véranda couverte fait tout le tour de la maison ; cet intérieur-extérieur abrite des intempéries comme des ardeurs du soleil par le toit qui la couvre généreusement, tout en offrant ce que la nature porte de meilleur : la circulation rafraîchissante de l’air, la végétation et ses lumières, une percée sur le paysage   lointain, les odeurs du jardin et le bruissement de vie des oiseaux, des grenouilles et des grillons.

Le patrimoine des petites cases, bâties essentiellement en bois et végétal jusqu’à l’aube de la départementalisation, a largement disparu aujourd’hui. Celui des grandes cases n’est pas moins menacé, y compris dans les secteurs riches (comme Didier). Cette fragilité rend d’autant plus précieux le patrimoine raréfié encore existant. Certaines communes mènent des politiques de préservation et de valorisation qui donnent des résultats visibles. Un gros travail reste à faire pour la reconnaissance et la valorisation de l’héritage bâti dans sa diversité, y compris par endroits les cases en béton, afin d’éviter la tentation de la table rase, suivie d’une reconstruction banalisante. Les actions de sensibilisation menées pour le quartier de Trénelle à Fort-de-France sont à ce titre exemplaires. Il reste par ailleurs un savoir-faire lié à l’autoconstruction qui, accompagné, peut être producteur de paysages habités non standardisés et de lien social (maison coup de main). Sait-on enfin, au travers d’une architecture contemporaine, être créateur de patrimoine pour demain ?